Dans le camp de réfugiés de Nour Chams, au nord de la Cisjordanie occupée par Israël, une inquiétude profonde règne. Les quelque 13 000 habitants de ce lieu établi dans les années 1950 ont vu jeudi le bureau de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) être sérieusement endommagé lors d’un raid « antiterroriste » mené par l’armée israélienne. Pour beaucoup, la destruction partielle de ce bâtiment symbolise une menace existentielle pesant sur leur communauté.
L’Unrwa, une « mère » pour les réfugiés palestiniens
Dans ce camp où elle opère deux écoles, une clinique et gère les services d’assainissement, l’Unrwa est bien plus qu’une organisation humanitaire. Comme l’explique Hanadi Jaber Abou Taqa, responsable locale de l’agence, « les réfugiés considèrent l’Unrwa comme leur mère, donc imaginez perdre votre mère ». La destruction de son bureau de coordination, « un investissement considérable » selon le directeur de l’Unrwa en Cisjordanie, suscite une vive émotion parmi la population.
Une attaque aux visées politiques ?
Pour de nombreux habitants, cet événement est lié à l’adoption récente par le Parlement israélien d’une loi interdisant les activités de l’Unrwa en Israël. Mohammed Saïd Amar y voit une tentative « d’abolir le droit au retour » des Palestiniens ayant fui ou été expulsés en 1948. Vouloir « liquider » l’agence onusienne reviendrait selon lui à vouloir « liquider la question palestinienne ».
Pour nous, c’est l’Unrwa ou rien.
– Chafic Ahmad Jad, commerçant du camp
Un avenir compromis pour les plus vulnérables
Au-delà des dégâts matériels, ce sont surtout les conséquences humaines de la disparition potentielle de l’Unrwa qui effraient. Nihaya al-Joundi, responsable d’un centre pour personnes handicapées endommagé dans le raid, souligne le besoin crucial des organisations internationales pour reconstruire le camp. Les enfants sont aussi durement touchés, comme en témoigne Moustafa Chibah, inquiet de voir ses petits-enfants en larmes et anxieux.
Le sentiment d’un double abandon
Face à ces menaces, les réfugiés de Nour Chams expriment un sentiment d’abandon. Abandon du reste des Palestiniens « qui dansent à Ramallah » selon Moustafa Chibah, et abandon de la communauté internationale face à un Israël qui « croit pouvoir faire ce qu’il veut » sans être arrêté. Dans ce contexte, la survie de l’Unrwa apparaît plus que jamais comme un enjeu existentiel pour une population qui se sent prise au piège entre occupation, précarité économique et absence d’horizon politique.