Le géant chinois de l’e-commerce Temu vient de subir un coup dur : il a été ajouté par Bruxelles à la liste des très grandes plateformes soumises à une réglementation renforcée dans le cadre de la nouvelle législation sur les services numériques (DSA) de l’Union Européenne. Cette décision, révélée par un responsable européen, intervient alors que Temu connaît une ascension fulgurante en Europe grâce à sa stratégie agressive de prix cassés. Quelles seront les conséquences pour la plateforme et ses millions d’utilisateurs européens ?
Temu dans le viseur de l’UE : un nouveau cadre réglementaire strict
Temu rejoint ainsi la liste des 24 plateformes, aux côtés de mastodontes comme Amazon, Shein ou Zalando, qui devront se plier aux règles les plus strictes de l’UE visant à protéger les consommateurs contre les contenus et pratiques illégaux. Un statut que le site aux plus de 75 millions d’utilisateurs mensuels dans l’UE ne pouvait plus éviter.
Des accusations de manipulation et de vente de produits dangereux
Cette mise sous surveillance intervient suite à des plaintes d’associations de consommateurs. Temu est notamment accusé d’utiliser des interfaces trompeuses (« dark patterns ») pour inciter ses clients à dépenser plus. Le Bureau Européen des Unions de Consommateurs (BEUC) a également pointé du doigt la vente de produits dangereux pour les enfants sur la plateforme.
Un truc inutile, qui trompe le consommateur en lui faisant croire qu’il achète de bons produits à petit prix, alors qu’il ne s’agit que de produits ultra bas de gamme, de mauvaise qualité, et à l’impact écologique déplorable.
– Un internaute mécontent sur lefigaro.fr
De nouvelles obligations et des sanctions en cas de manquement
En tant que très grande plateforme, Temu devra désormais analyser les risques liés à ses services et mettre en œuvre des mesures pour les atténuer, notamment pour empêcher la vente de produits nocifs pour les mineurs. Cette analyse devra faire l’objet d’un rapport annuel remis à la Commission européenne, nouveau gendarme du numérique.
En cas de manquement à ces obligations, Temu s’expose à des amendes pouvant atteindre 6% de son chiffre d’affaires annuel mondial, voire une interdiction d’exercer des activités en Europe si les violations sont graves et répétées. Un coup dur potentiel pour la maison-mère de Temu, Pinduoduo, dont la réussite menace déjà l’empire d’Alibaba en Chine.
Quel impact pour les consommateurs européens ?
Si Temu se plie au nouveau cadre réglementaire, les consommateurs européens devraient bénéficier d’une meilleure protection contre les arnaques et produits dangereux. Fini les interfaces trompeuses et autres « dark patterns » visant à pousser à l’achat impulsif. Cela signifiera peut-être la fin des prix ultra-cassés, mais une meilleure qualité et traçabilité des produits pourrait être au rendez-vous.
Reste à voir comment la plateforme chinoise, habituée à une réglementation plus souple, s’adaptera à ces nouvelles contraintes. Les prochains mois nous diront si Temu parviendra à concilier son modèle agressif et les exigences européennes, ou si son ascension météorique en Europe connaîtra un coup d’arrêt brutal. Une chose est sûre, le nouveau shérif du numérique européen a Temu dans son viseur et compte bien faire respecter la loi, dans l’intérêt des consommateurs.