En pleine montée des tensions commerciales initiées par le président américain Donald Trump, l’Union européenne et le Mexique ont annoncé vendredi un renforcement de leur partenariat stratégique, avec un accent particulier mis sur le commerce agricole. Un signal fort envoyé à Washington, qui menace les deux partenaires de droits de douane punitifs.
Un accord pour approfondir les relations UE-Mexique
Bien qu’ils soient déjà liés par un vaste accord politique et commercial depuis 2000, Bruxelles et Mexico City ont décidé de passer à la vitesse supérieure. Selon une source proche des négociations, le nouvel accord va « au-delà des seuls liens commerciaux » en visant à « approfondir et élargir le dialogue politique, la coopération et les relations économiques » entre les deux partenaires.
Un volet important concerne le secteur agricole et agroalimentaire. L’accord modernisé devrait en effet ouvrir de nouvelles opportunités pour les exportateurs européens, tout en promouvant des « valeurs communes » et des « règles progressistes » en matière de développement durable, d’après la Commission européenne.
Suppression de droits de douane élevés
Concrètement, le nouveau partenariat va permettre d’éliminer des barrières douanières pouvant aller jusqu’à 100% sur des produits d’exportation clés de l’UE comme le fromage, la volaille, le porc, les pâtes, les pommes, les confitures ou encore le chocolat et le vin. Un coup de pouce bienvenu pour les agriculteurs européens, le Mexique étant un importateur net de produits agroalimentaires de l’UE.
Protection des labels d’origine et simplification douanière
Au-delà de la suppression des droits de douane, l’accord prévoit aussi d’étendre la protection des indications géographiques pour les produits européens. Un point crucial pour préserver les labels d’origine et la réputation de nombreuses spécialités du Vieux Continent. Enfin, des procédures douanières simplifiées et moins coûteuses devraient faciliter les exportations agroalimentaires.
Un message politique face aux menaces de Trump
Au-delà de sa portée commerciale, cet accord revêt une dimension politique évidente dans le contexte actuel. Le président américain Donald Trump, qui effectuera lundi son retour à la Maison Blanche, a en effet brandi la menace de droits de douane très élevés tant envers l’UE que le Mexique.
Washington fait notamment pression sur Mexico pour stopper le trafic de fentanyl, un puissant opiacé de synthèse détourné comme drogue. Quant à l’Europe, Trump attend qu’elle achète plus d’hydrocarbures américains et réduise son excédent commercial avec les États-Unis.
Malgré les menaces de droits de douane, l’UE et le Mexique renforcent leur engagement en faveur d’un commerce ouvert, équitable et fondé sur des règles.
– Bernd Lange, président de la commission Commerce international au Parlement européen
En avançant main dans la main malgré ces pressions, l’UE et le Mexique envoient donc un message clair en faveur du libre-échange et du multilatéralisme. Une « nouvelle preuve que notre politique commerciale est sur la bonne voie », s’est félicité l’eurodéputé allemand Bernd Lange.
À la recherche de nouveaux relais de croissance
Cette annonce s’inscrit plus largement dans la stratégie de l’UE qui, face à la stagnation économique sur le Vieux Continent, cherche à doper ses exportations en nouant ou renforçant des partenariats internationaux. Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a ainsi récemment conclu un accord de libre-échange controversé avec les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay).
Le renforcement des liens avec le Mexique, 15e économie mondiale, est un nouveau pas dans cette direction. Il devra cependant encore être ratifié par l’UE et le Mexique pour entrer en vigueur. Un processus qui pourrait prendre plusieurs mois, mais qui ne devrait pas rencontrer d’obstacles majeurs au vu des enjeux stratégiques.