Alors que le monde observe avec inquiétude l’escalade des tensions au Moyen-Orient, une question cruciale se pose : la solution à deux États, visant à établir un État palestinien aux côtés d’Israël, est-elle encore viable ? Cette idée, soutenue depuis des décennies par la communauté internationale, semble plus fragile que jamais. À l’initiative de la France et de l’Arabie saoudite, l’Organisation des Nations unies (ONU) se réunit pour tenter de raviver cet espoir, dans un contexte où la guerre à Gaza et l’expansion des colonies israéliennes en Cisjordanie menacent de réduire à néant cette perspective de paix.
Une Conférence sous Haute Tension
Depuis lundi, l’Assemblée générale des Nations unies, co-présidée par Paris et Riyad, se penche sur l’avenir de la solution à deux États. Cette conférence, initialement perçue comme un événement de moindre envergure, a pris une nouvelle dimension grâce à une annonce retentissante du président français. En septembre, la France reconnaîtra officiellement l’État palestinien, une décision qui pourrait inciter d’autres nations à suivre cet exemple. Cette initiative intervient à un moment où la pression internationale s’intensifie sur Israël pour mettre fin au conflit à Gaza, qui dure depuis plus de 21 mois.
« L’annonce de Macron change la donne. D’autres participants vont réfléchir à la hâte pour savoir s’ils doivent aussi déclarer une intention de reconnaître la Palestine. »
Richard Gowan, analyste à l’International Crisis Group
Ce pas audacieux de la France pourrait créer une dynamique diplomatique sans précédent. Selon des sources diplomatiques, plusieurs pays européens envisagent de confirmer leur intention de reconnaître l’État palestinien lors de cette conférence. Cependant, des puissances comme le Royaume-Uni et l’Allemagne restent prudentes, conditionnant une telle reconnaissance à un plan global ou à des évolutions à plus long terme.
Un Contexte Historique Chargé
L’idée d’un partage équitable du territoire palestinien remonte à 1947, lorsque l’ONU adopta une résolution prévoyant la création de deux États indépendants : l’un juif, l’autre arabe. Si l’État d’Israël fut proclamé dès 1948, l’État palestinien, bien que revendiqué en 1988 par la direction palestinienne en exil, n’a jamais vu le jour dans les faits. Aujourd’hui, 142 des 193 États membres de l’ONU reconnaissent officiellement la Palestine, un chiffre qui pourrait croître dans les mois à venir.
Malgré ce soutien international, les obstacles à la création d’un État palestinien restent immenses. La guerre à Gaza, déclenchée par les attaques du Hamas en octobre 2023, a exacerbé les tensions. Parallèlement, l’expansion continue des colonies israéliennes en Cisjordanie rend la viabilité territoriale d’un futur État palestinien de plus en plus incertaine.
Les Enjeux de la Conférence
La conférence actuelle ne se limite pas à promouvoir la reconnaissance de la Palestine. Elle s’articule autour de trois axes majeurs :
- Réformer l’Autorité palestinienne : Renforcer sa gouvernance pour en faire un acteur crédible et stable.
- Désarmer le Hamas : Exclure ce groupe de la gouvernance palestinienne pour favoriser une solution pacifique.
- Normalisation avec Israël : Encourager les États arabes à établir des relations diplomatiques avec Israël, bien que cette perspective semble peu probable à court terme.
Ces objectifs ambitieux reflètent la complexité du dossier. Si aucune annonce de normalisation avec Israël n’est attendue, un point notable est l’engagement des pays arabes à condamner le Hamas et à appeler à son désarmement, une première selon les organisateurs de la conférence.
Une Absence Remarquée
La conférence se tient sans la participation d’Israël et des États-Unis, deux acteurs clés du conflit. Leur absence, motivée par des divergences sur l’approche de la réunion, pourrait limiter l’impact des discussions. Initialement prévue en juin, la conférence avait été reportée en raison des tensions régionales, notamment liées à la guerre en Iran. Ce boycott met en lumière les défis auxquels l’ONU fait face pour fédérer l’ensemble des parties prenantes autour d’une solution commune.
« Cette conférence offre une opportunité unique de transformer le droit international et le consensus international en un plan réaliste. »
Riyad Mansour, ambassadeur palestinien à l’ONU
L’appel de Riyad Mansour à faire preuve de courage résonne dans un contexte où chaque pas diplomatique semble semé d’embûches. Pourtant, l’absence de ces deux nations ne décourage pas les organisateurs, qui misent sur un sommet prévu en septembre pour amplifier les résultats de cette première réunion.
Gaza : Une Crise Humanitaire au Cœur des Débats
La guerre à Gaza, qui a causé une catastrophe humanitaire sans précédent, sera un sujet incontournable lors des discussions. Plus de 100 pays sont attendus pour prendre la parole, mettant en lumière la nécessité urgente d’une trêve durable. Malgré une pause des combats décrétée par Israël dans certains secteurs à des fins humanitaires, la situation reste critique. Les représentants chercheront à sensibiliser la communauté internationale à l’ampleur de la crise et à la nécessité d’une action concertée.
Enjeu | Impact |
---|---|
Guerre à Gaza | Catastrophe humanitaire, pression internationale croissante |
Colonisation en Cisjordanie | Menace sur la viabilité d’un État palestinien |
Reconnaissance de la Palestine | Dynamique diplomatique pour renforcer la solution à deux États |
Ce tableau illustre les multiples facettes du conflit, où les enjeux humanitaires, territoriaux et diplomatiques s’entremêlent. La conférence devra naviguer entre ces défis pour poser les bases d’une solution durable.
Un Tournant Diplomatique ?
La reconnaissance de la Palestine par la France et potentiellement d’autres pays marque un tournant potentiel dans la diplomatie internationale. Cependant, la prudence de certaines puissances, comme le Royaume-Uni, qui insiste sur un plan global, ou l’Allemagne, qui écarte une reconnaissance à court terme, montre que le chemin reste long. La conférence de l’ONU, bien que symbolique, pourrait poser les jalons d’un nouvel élan pour la paix.
Pour les Palestiniens, cette réunion représente une lueur d’espoir dans un contexte où leur aspiration à un État souverain est menacée. Comme l’a souligné un représentant palestinien, il s’agit de transformer un consensus international en actions concrètes. La pression exercée sur Israël, combinée à l’engagement des pays arabes à condamner le Hamas, pourrait ouvrir la voie à des discussions plus constructives.
Vers un Sommet en Septembre
La conférence actuelle n’est qu’une étape. Un sommet prévu en septembre devrait prolonger les discussions, avec l’espoir de consolider les avancées réalisées. Les organisateurs souhaitent que ce rendez-vous permette de définir un calendrier clair pour la reconnaissance de la Palestine et la mise en œuvre de réformes au sein de l’Autorité palestinienne. Cependant, sans la participation d’Israël et des États-Unis, les résultats pourraient rester limités.
En attendant, la communauté internationale continue de plaider pour une solution à deux États, perçue comme la seule voie viable pour une paix durable. Les défis sont nombreux, mais l’engagement de pays comme la France et l’Arabie saoudite montre une volonté de ne pas abandonner cet idéal, malgré les obstacles.
Le sort de la solution à deux États repose sur la capacité des nations à transformer les paroles en actes. Cette conférence, bien qu’imparfaite, pourrait marquer le début d’un renouveau diplomatique, ou au contraire, révéler les limites d’un consensus international face à un conflit ancré dans l’histoire.