La Corée du Sud est sous le choc après la révélation d’un rapport explosif du parquet. Selon ce document, le président récemment destitué Yoon Suk Yeol aurait autorisé l’armée à ouvrir le feu pour entrer de force au Parlement début décembre, lors de sa tentative avortée d’imposer la loi martiale dans le pays. Une affaire qui ébranle la démocratie sud-coréenne.
Le président Yoon accusé d’avoir donné l’ordre de tirer
D’après le rapport d’inculpation de 10 pages de l’ancien ministre de la Défense Kim Yong-hyun, considéré comme l’instigateur de la proclamation de la loi martiale, le président Yoon n’aurait pas hésité à autoriser l’usage de la force pour museler l’opposition au Parlement.
« N’êtes vous pas encore entrés ? Que faites-vous ? Cassez la porte et sortez-les, même si ça veut dire qu’il faut tirer »
– Propos attribués à Yoon Suk Yeol lors d’un appel au commandant militaire de Séoul le 3 décembre
Selon le parquet, le président aurait même ordonné aux soldats de détruire les portes du Parlement « avec une hache » si nécessaire pour en faire sortir les députés. Des révélations choquantes qui jettent une lumière crue sur les événements du 3 décembre.
La loi martiale proclamée dans le chaos
Ce jour-là, la proclamation soudaine de la loi martiale par Yoon Suk Yeol avait plongé le pays dans la confusion. Dans la foulée, des soldats lourdement armés avaient pris d’assaut le Parlement, escaladant les barrières et brisant les fenêtres, certains allant jusqu’à atterrir en hélicoptère.
Malgré le rejet express de la loi martiale par les députés dans la nuit du 3 au 4 décembre, le président déchu aurait maintenu sa volonté d’imposer cette mesure d’exception. Selon le rapport, il aurait même affirmé au commandant militaire qu’il la déclarerait « une deuxième et une troisième fois ».
Un président sous enquête pour « rébellion »
Suite à sa destitution par le Parlement, Yoon Suk Yeol fait désormais l’objet d’une enquête pour « rébellion », un crime passible de la peine de mort en Corée du Sud. Officiellement toujours président en attendant la confirmation de sa destitution par la Cour constitutionnelle, il a déjà été convoqué à deux reprises par les enquêteurs, sans se présenter.
Face au scandale, le président par intérim Han Duck-soo a lui aussi été destitué par les députés, qui lui reprochent d’avoir tenté d’entraver les investigations. Son successeur, le ministre des Finances Choi Sang-mok, a promis de « mettre un terme à la crise gouvernementale » et d’en faire sa « priorité absolue ».
Un coup de force qui ébranle la démocratie sud-coréenne
Cette tentative de coup de force de Yoon Suk Yeol contre le Parlement constitue une menace sans précédent pour la jeune démocratie sud-coréenne. Arrivé au pouvoir en mai 2022, le président conservateur s’était fait élire sur la promesse de rétablir « l’ordre et la discipline ». Son mandat aura finalement été marqué par un dérapage autoritaire inédit.
Ces accusations, si elles sont avérées, représentent une grave atteinte à l’État de droit et aux valeurs démocratiques qui fondent notre société.
– Une source proche du dossier s’exprimant sous couvert d’anonymat
L’affaire Yoon risque de laisser des traces durables dans le paysage politique sud-coréen. Elle pose la question de la solidité des institutions démocratiques face aux dérives autoritaires et met en lumière la nécessité de mécanismes de contrôle renforcés sur le pouvoir exécutif.
Alors que l’enquête se poursuit, c’est tout un pays qui retient son souffle dans l’attente du dénouement de ce drame politique. Un dénouement dont les conséquences pourraient façonner l’avenir de la démocratie en Corée du Sud pour les années à venir.