Dans les ruines de Pompéi, cité romaine figée dans le temps par l’éruption du Vésuve il y a près de 2000 ans, une découverte fascinante vient d’être faite. Des archéologues ont mis au jour des croquis au fusain réalisés par des enfants âgés d’à peine 6-7 ans, représentant des scènes d’une violence insoupçonnée. Ces dessins naïfs, exhumés des murs d’une maison appelée “Cénacle à colonnades”, jettent une lumière crue sur l’enfance à l’époque romaine et l’exposition précoce à la brutalité des jeux du cirque.
Des croquis enfantins témoins d’une réalité brutale
Parmi les dessins mis au jour, on distingue les contours de trois petites mains, deux personnages jouant au ballon, une scène de chasse impliquant probablement un sanglier, et surtout, deux combattants dont l’un est allongé au sol. Pour Gabriel Zuchtriegel, directeur du site archéologique de Pompéi, ces croquis ont sans doute été tracés par de très jeunes enfants, âgés de 6 à 7 ans seulement.
Mais au-delà de leur aspect touchant et enfantin, ces dessins sont surtout le reflet d’une réalité glaçante. Selon les psychologues de l’université Federico II de Naples qui ont analysé les croquis, ceux-ci représenteraient des événements dont les enfants ont été les témoins directs, plutôt que des scènes imaginées.
À Pompéi, même les jeunes enfants ont été exposés à une violence extrême entre humains, et entre humains et animaux dans les sables de l’amphithéâtre de la ville antique.
– Gabriel Zuchtriegel, directeur du site archéologique de Pompéi
L’enfance à l’ombre des jeux du cirque
Cette découverte met en lumière la dure réalité de l’enfance dans la Rome antique, en particulier à Pompéi. Loin d’être préservés, les enfants étaient confrontés dès leur plus jeune âge aux spectacles sanglants des jeux du cirque, où gladiateurs et animaux s’affrontaient dans des combats brutaux, sous les vivats de la foule.
Ces dessins attestent de l’impact psychologique profond que ces spectacles avaient sur les jeunes esprits. En reproduisant ces scènes violentes, les enfants tentaient sans doute d’exorciser et de comprendre ce à quoi ils avaient assisté, avec leurs moyens et leur sensibilité propres.
Une plongée saisissante dans le quotidien pompéien
Au-delà du choc que peuvent susciter ces représentations enfantines de la violence, cette découverte offre un éclairage précieux et inédit sur la vie quotidienne à Pompéi. Ces dessins spontanés, tracés à même les murs d’une maison, nous plongent au cœur de l’intimité d’une famille romaine du 1er siècle.
Ils montrent que les enfants, bien que confrontés très tôt à la dureté du monde qui les entourait, n’en restaient pas moins des enfants, avec leurs jeux, leur imagination, leur besoin d’expression. Les croquis d’enfants jouant au ballon côtoient ainsi ceux des gladiateurs, comme pour mieux souligner le contraste entre l’innocence de l’enfance et la brutalité de la société romaine.
De fragiles témoins miraculeusement préservés
Réalisés au simple fusain sur les murs d’une maison, ces dessins auraient dû disparaître depuis longtemps. C’est paradoxalement la catastrophe qui a figé Pompéi qui a permis leur conservation. Ensevelis sous les cendres lors de l’éruption du Vésuve en 79 après J.-C., ces fragiles témoignages ont traversé les siècles pour parvenir jusqu’à nous, miraculeusement préservés.
Aujourd’hui, ils nous offrent une fenêtre inestimable sur l’enfance et la vie quotidienne dans l’Antiquité romaine. Ils nous rappellent que derrière les imposants vestiges de Pompéi, ce sont des vies humaines qui se dévoilent peu à peu, dans toute leur complexité et leur fragilité.
Ces croquis d’enfants, dans leur simplicité désarmante, ont une puissance évocatrice inégalée. Ils donnent chair et âme aux habitants de Pompéi, trop souvent réduits à des silhouettes figées dans la cendre. Grâce à eux, c’est tout un pan de l’histoire intime de la cité qui reprend vie sous nos yeux, près de 2000 ans après sa brutale disparition.