Les autorités sanitaires françaises sonnent l’alarme sur les dangers des produits de lissage brésilien contenant de l’acide glyoxylique. Selon l’Anses, cette substance peut causer une insuffisance rénale aiguë potentiellement grave. Face à ces risques, l’agence recommande vivement de limiter, voire d’interdire l’utilisation de l’acide glyoxylique dans les cosmétiques au niveau européen. Une mesure forte pour protéger la santé des consommateurs.
L’acide glyoxylique, un ingrédient dangereux
Présent jusqu’à 25% dans certains produits lissants capillaires, l’acide glyoxylique est pointé du doigt par l’Anses. D’après l’agence, il est « fortement probable » que cette substance soit à l’origine de trois cas d’insuffisance rénale aiguë signalés chez des femmes ayant fait un lissage brésilien en salon. En passant dans le sang via le cuir chevelu, l’acide glyoxylique se transformerait en cristaux d’oxalate de calcium, endommageant gravement les reins.
Un avis basé sur des études scientifiques
L’avis de l’Anses, publié ce jeudi, s’appuie sur les signalements d’effets indésirables mais aussi sur des études scientifiques récentes. Celles-ci viennent corroborer la dangerosité de l’acide glyoxylique lorsqu’il est utilisé à haute dose dans des produits appliqués sur le cuir chevelu. Un cocktail potentiellement toxique qui expose les consommateurs à des risques importants pour leur santé.
Vers une interdiction européenne ?
Face à ces dangers, l’Anses souhaite qu’une évaluation des risques soit menée au niveau de l’Union Européenne, en vue de « limiter, voire interdire l’utilisation de cette substance » dans les cosmétiques. L’agence préconise également d’identifier d’autres produits susceptibles de libérer de l’acide glyoxylique ou du formaldéhyde, une substance cancérogène, lors du lissage.
Pour l’heure, l’utilisation de l’acide glyoxylique n’est ni encadrée ni limitée par la règlementation européenne sur les cosmétiques. C’est à la Commission Européenne de saisir son comité scientifique pour évaluer les risques et statuer sur d’éventuelles restrictions. Un processus qui pourrait prendre plusieurs mois, voire années.
Israël, précurseur dans l’interdiction
Certains pays ont déjà franchi le pas. C’est le cas d’Israël qui a interdit dès 2022 les produits lissants contenant de l’acide glyoxylique, suite à une série de 26 cas d’insuffisance rénale aiguë sévère chez des femmes ayant utilisé ces produits. Les victimes avaient souffert de douleurs abdominales et lombaires, nausées, vomissements et éruptions cutanées. Si leur fonction rénale est revenue à la normale après réhydratation, ces cas illustrent la toxicité de cette substance.
L’Anses réitère ses mises en garde
Ce n’est pas la première fois que l’Anses alerte sur les dangers des produits de lissage brésilien. Dès octobre dernier, l’agence avait recommandé aux coiffeurs et aux particuliers de ne pas utiliser les produits contenant de l’acide glyoxylique, et aux magasins de ne plus les vendre, dans l’attente des conclusions de son expertise.
Aujourd’hui, au vu des risques avérés, l’Anses réitère ses mises en garde et appelle les autorités européennes à se saisir du dossier. Une décision qui pourrait bouleverser le marché des produits capillaires et les habitudes des adeptes du lissage brésilien. Mais quand il s’agit de santé publique, le principe de précaution doit primer.
Que contiennent les produits de lissage brésilien ?
Outre l’acide glyoxylique, les produits de lissage brésilien peuvent contenir d’autres ingrédients potentiellement nocifs :
- Formaldéhyde (ou dérivés) : ce conservateur est classé cancérogène. Il peut être libéré lors de la chauffe du produit.
- Ammoniac : ce composé alcalin très volatil peut irriter les voies respiratoires et les yeux.
- Méthanal : cet aldéhyde est irritant et sensibilisant. Il peut provoquer des allergies.
De quoi frémir quand on pense que ces produits sont appliqués près du cuir chevelu et du visage, sur une chevelure chauffée à haute température pour lisser la fibre capillaire en profondeur. Un cocktail de substances chimiques qui n’est pas sans risque pour la santé des coiffeurs et de leurs clients.
Des alternatives plus sûres au lissage brésilien
Faut-il pour autant renoncer à des cheveux lisses et soyeux ? Pas forcément. Il existe des alternatives plus douces et naturelles pour dompter les frisottis et gagner en brillance, sans s’exposer à des substances toxiques :
- Le lissage japonais : cette technique consiste à défriser les cheveux avec des acides gras et des agents de texture d’origine végétale. Un lissage semi-permanent qui dure 3 à 4 mois.
- Le lissage à la kératine végétale : ce soin lissant et fortifiant contient des protéines végétales (blé, maïs, soja) qui gainent la fibre capillaire sans l’abîmer. La tenue est d’environ 2 mois.
- Les soins maison : des masques nourrissants et lissants à base d’huile de coco, d’avocat ou de beurre de karité, suivis d’un brushing, permettent de discipliner la chevelure en douceur, le temps d’un shampooing.
Alors, prêtes à tester ces alternatives green au lissage brésilien ? C’est peut-être le prix à payer pour des cheveux en pleine santé, tout en préservant ses reins et sa santé. Un choix responsable et raisonné, en attendant que les autorités statuent sur le sort de l’acide glyoxylique dans nos fers à lisser. Affaire à suivre…