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L’Insoumise Mathilde Panot Appelle à Voter Macron Face au RN

Revirement à gauche : Mathilde Panot de la France Insoumise appelle à voter pour les candidats macronistes en cas de duel face au RN au second tour des législatives. Un choix pragmatique pour faire barrage à l'extrême droite, mais qui risque de diviser...

Quand les ennemis politiques d’hier deviennent les alliés de circonstance d’aujourd’hui… C’est le scénario qui se profile à l’approche des élections législatives en France, où la cheffe de file de La France Insoumise Mathilde Panot a créé la surprise en annonçant que son parti appellerait à voter pour les candidats de la majorité présidentielle en cas de duel face à ceux du Rassemblement National au second tour. Un choix pragmatique et responsable pour certains, une compromission idéologique pour d’autres.

Le spectre de l’extrême droite, plus fort que les divergences

Interrogée sur BFMTV/RMC ce vendredi 21 juin, Mathilde Panot a été on ne peut plus claire. Si aucun candidat de gauche n’est présent au second tour dans une circonscription, La France Insoumise “appellera à voter contre le Rassemblement National”. Une position conforme à la ligne républicaine traditionnelle de la gauche, qui consiste à faire barrage à l’extrême droite par tous les moyens.

C’est ce que nous avons toujours fait.

– Mathilde Panot, cheffe de file des députés LFI

En donnant une telle consigne de vote, aussi douloureuse soit-elle, LFI fait primer ce qu’elle considère comme l’intérêt supérieur de la République et de la démocratie. Même si cela implique de soutenir ponctuellement un camp politique diamétralement opposé sur l’échiquier, celui d’Emmanuel Macron et de la majorité présidentielle.

L’union de la gauche sera-t-elle plus forte que ses contradictions ?

Cette prise de position de LFI pose question sur la solidité et la cohérence de la NUPES, la coalition de gauche formée pour ces législatives. Car tous les partis qui la composent ne partagent pas forcément cette analyse :

  • Le PCF n’a pas encore clarifié sa position
  • EELV semble également prête à appeler au vote utile anti-RN
  • Le PS est plus hésitant, souhaitant décider au cas par cas

Cette différence d’approche révèle les limites de l’union de la gauche. Si celle-ci s’est faite sur la base d’un programme commun, les réflexes et la culture politique de chaque formation restent bien distincts, voire antagonistes. Le risque est grand de voir la NUPES se fissurer sur cette question hautement symbolique du rapport à Macron et au macronisme.

Macron, un allié qui divise plus qu’il ne rassemble

Car au-delà de l’enjeu du barrage au RN, c’est bien la question du rapport au pouvoir en place qui se pose. En appelant à voter pour les candidats de la majorité, aussi ponctuellement soit-il, LFI prend le risque d’apparaître comme une force d’appoint du macronisme, voire de cautionner sa politique. Ce qui est en contradiction totale avec la stratégie de rupture et d’opposition frontale prônée jusqu’alors.

Cette décision souligne le dilemme cornélien auquel est confrontée toute la gauche: comment maintenir une posture de contre-pouvoir intransigeant tout en assumant ses responsabilités démocratiques face à la menace fascisante ? Un équilibre plus que périlleux, qui nécessitera des trésors de pédagogie et de clarté politique.

Vers une redéfinition des clivages politiques ?

Plus fondamentalement, l’appel de Mathilde Panot interroge sur l’évolution des lignes de fracture politiques dans le pays. Face à la montée en puissance du vote RN, on assisterait au retour d’un clivage “républicains contre nationalistes”, transcendant l’opposition gauche-droite. Un schéma que l’on avait déjà connu en 2002 et 2017 avec le front républicain, mais qui semblait s’être effrité ces dernières années.

C’est un nouveau paysage politique qui est peut-être en train de se dessiner sous nos yeux, recentré sur l’affrontement entre démocratie libérale et nationalisme identitaire.

– Un analyste politique

Quoi qu’il en soit, la séquence électorale qui s’ouvre s’annonce riche en rebondissements et en reconfigurations. L’appel de LFI à un vote utile est un signe fort qui en dit long sur la gravité du moment. Reste à savoir s’il sera suffisant pour endiguer la poussée de l’extrême droite. Et s’il ne fait pas le jeu, à terme, d’un pouvoir macroniste conforté dans son hégémonie. Les législatives n’ont pas fini de redistribuer les cartes.

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