Derrière les progrès encourageants réalisés ces dernières années dans la lutte contre le VIH/sida se cache une réalité alarmante révélée par l’Unicef : les adolescentes sont aujourd’hui les principales victimes de l’épidémie. En 2023, 70% des jeunes de 15 à 19 ans nouvellement infectés par le virus étaient des filles, un taux grimpant à 90% en Afrique subsaharienne. Une tendance inquiétante qui pourrait remettre en cause les avancées durement acquises si une action urgente n’est pas menée.
Les adolescentes, population la plus vulnérable face au VIH
Malgré une baisse globale du nombre d’enfants et d’adolescents infectés par le VIH depuis 10 ans, les jeunes filles peinent toujours à accéder aux mesures de prévention et de soutien adéquates, souligne l’Unicef. Résultat : elles sont touchées de manière disproportionnée par rapport aux garçons, particulièrement en Afrique subsaharienne.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2023, 96 000 adolescentes de 15 à 19 ans ont contracté le VIH dans le monde, contre 41 000 garçons de la même tranche d’âge. Au total, 250 000 enfants et jeunes de 0 à 19 ans ont été infectés, portant à 2,4 millions le nombre de mineurs vivant avec la maladie à l’échelle planétaire.
L’Afrique subsaharienne, épicentre de l’épidémie chez les jeunes filles
C’est en Afrique subsaharienne que la situation est la plus préoccupante. Dans cette région, 9 adolescentes sur 10 parmi les 15-19 ans séropositifs sont des filles. Un constat effarant qui témoigne des obstacles persistants à une prévention et une prise en charge efficaces pour cette population vulnérable.
Beaucoup de pays ont fait d’énormes progrès vers l’éradication du sida. Pourtant, les enfants et adolescents ne récoltent pas pleinement les bénéfices de l’amélioration de l’accès aux médicaments et aux services de prévention.
Anurita Bains, directrice adjointe de l’Unicef pour le VIH/sida
Un accès inégal aux traitements, facteur d’aggravation
Alors que 77% des adultes séropositifs bénéficient d’un traitement antirétroviral, seuls 57% des enfants de 0 à 14 ans et 65% des adolescents de 15 à 19 ans y ont accès. Une disparité qui a des conséquences tragiques : en 2023, plus de 90 000 mineurs sont décédés de maladies liées au sida, dont 73% avaient moins de 10 ans. Bien que ne représentant que 3% des personnes infectées, les moins de 15 ans comptent pour 12% des morts liées au VIH.
Un appel à une action urgente et ciblée
Face à cette situation critique, l’Unicef appelle à donner la priorité aux enfants et adolescents vivant avec le VIH dans les efforts de lutte. Cela passe par des investissements accrus dans des ressources et services adaptés, notamment le déploiement de technologies innovantes pour améliorer le dépistage et la prise en charge.
Mais au-delà des avancées médicales, c’est un changement de paradigme qui s’impose pour s’attaquer aux racines de cette vulnérabilité disproportionnée des adolescentes. Lutter contre les inégalités de genre, favoriser leur autonomisation et lever les barrières socio-économiques qui entravent leur accès à la prévention et aux soins doivent être au cœur des stratégies.
La priorité doit être donnée aux enfants vivant avec le VIH pour ce qui est d’investir dans des ressources et efforts visant à améliorer les traitements pour tous, ce qui inclut l’essor de technologies innovatrices pour les tests.
Anurita Bains, directrice adjointe de l’Unicef pour le VIH/sida
Il y a urgence. Si rien n’est fait, les progrès durement acquis depuis des années pourraient être anéantis. C’est une génération entière de jeunes filles qui risque de payer le prix fort de notre inaction. La communauté internationale, les gouvernements, la société civile, chacun à son niveau doit se mobiliser pour inverser cette tendance dramatique. Pour que le combat contre le sida n’oublie personne en chemin, surtout pas les plus vulnérables.