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L’humour au travail : un sujet qui divise et fait débat

Entre renforcement des liens et risque de dérive, l'humour au travail reste un exercice périlleux. Si les Français aimeraient plus de blagues entre collègues, certains employeurs ne tolèrent plus ce qui passait encore il y a quelques années. Mais alors, peut-on encore rire au bureau sans danger ?

Dans un contexte professionnel où la pression est omniprésente, l’humour apparaît souvent comme un exutoire salvateur. Un bon mot lancé au détour d’une pause-café, une blague potache partagée lors d’un déjeuner entre collègues… Autant de petits moments qui contribuent à alléger l’atmosphère et à renforcer la cohésion d’équipe. Pourtant, l’humour au travail est loin d’être un sujet anodin. Entre la peur de froisser certaines sensibilités et le risque de franchir la ligne rouge, trouver le bon équilibre relève parfois du numéro d’équilibriste.

Changement d’époque, changement de ton

Si l’humour a longtemps été roi dans l’open space, force est de constater que le vent a tourné ces dernières années. Comme le soulignait récemment Michel Denisot dans une interview accordée à la Tribune du dimanche, “On ne peut plus faire d’humour sans filtre qu’entre amis… sinon c’est dangereux”. Une prudence partagée par de nombreux employeurs, qui n’hésitent plus à sévir face à certains dérapages.

Dernier exemple en date : le licenciement d’un salarié d’un centre d’appel pour avoir posté un mème jugé déplacé dans un groupe WhatsApp professionnel. Si l’employeur assure que le licenciement concerne un autre motif, l’affaire s’est tout de même retrouvée devant les prud’hommes. Preuve s’il en est que l’humour au bureau, jadis accepté sans sourciller, est devenu un sujet éminemment sensible.

Les Français en demande d’humour

Paradoxalement, malgré ce climat de méfiance, une majorité de Français aimerait que leurs collègues osent davantage faire des blagues au travail. Selon un récent sondage, ils seraient ainsi 6 sur 10 à réclamer plus d’humour au bureau. Il faut dire que rire entre collègues présente de nombreux avantages :

  • Renforcer les liens d’équipe et la complicité
  • Forger un esprit de camaraderie
  • Détendre l’atmosphère en cas de tensions
  • Stimuler la créativité et la collaboration

L’humour constitue une matière propice à fournir du plaisir au travail. On peut donc penser qu’il agit de manière positive en termes de préservation de la santé.

Stéphane Le Lay et Barbara Pentimalli, sociologues

Autant de bienfaits qui expliquent que l’humour soit plébiscité par une large majorité d’actifs. Les trois quarts d’entre eux estiment d’ailleurs qu’il n’est pas assez valorisé en entreprise.

Les limites à ne pas franchir

Si l’humour a toute sa place au travail, encore faut-il savoir raison garder. Blaguer oui, mais pas n’importe comment. Car l’humour est une arme à double tranchant, et la frontière avec la moquerie est souvent ténue. Certains sujets restent ainsi des champs de mines à éviter à tout prix :

  • Les stéréotypes de genre ou de culture
  • Les préjugés de toutes sortes
  • Les croyances et appartenances idéologiques

Autant de thèmes sensibles qui, abordés avec maladresse, peuvent rapidement virer au dérapage. Le risque ? Créer un environnement toxique, où certains salariés se sentent moqués ou rabaissés. Un climat délétère qui, loin de souder l’équipe, sape au contraire le moral des troupes.

Quand le “rire de l’autre” prend la place du “rire avec l’autre”, l’humour devient plus malveillant que la critique.

Un coach en entreprise cité par L’Express

En cas de dérapage, s’excuser est la moindre des choses

Malgré toutes les précautions, il peut arriver à chacun de dépasser les bornes. L’humour étant par définition subjectif, une blague anodine aux yeux des uns sera perçue comme blessante par d’autres. En cas de dérapage, la sagesse commande de reconnaître son erreur. Et surtout, de présenter ses excuses à la personne offensée.

Un simple mot qui permet bien souvent de désamorcer les tensions et d’éviter que la situation ne s’envenime. Une règle de base qui vaut d’ailleurs pour toutes les relations sociales, au travail comme ailleurs. Car comme le rappelait avec malice Richard Branson, l’iconique fondateur de Virgin : “La vie est trop courte pour se prendre au sérieux tout le temps”.

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