Les élections présidentielles namibiennes, qui se sont tenues du 27 au 30 novembre dernier, continuent de faire des vagues dans ce pays d’Afrique australe. D’après nos informations, l’IPC (Patriotes indépendants pour le changement), le principal parti d’opposition, compte contester les résultats officiels devant la Haute Cour le 23 décembre prochain.
Le scrutin a en effet été marqué par de nombreux dysfonctionnements logistiques et techniques, obligeant les autorités à prolonger à deux reprises les opérations de vote. La pénurie de bulletins dans certains bureaux a provoqué de longues files d’attente, avec des électeurs patientant parfois plus de 12 heures. Une situation qui a poussé certains à renoncer à voter, suscitant la colère et les soupçons de l’opposition.
Une victoire sans appel pour le parti au pouvoir
Malgré ces problèmes, la commission électorale a proclamé le 3 décembre la victoire dès le premier tour de Netumbo Nandi-Ndaitwah, candidate de la SWAPO, le parti au pouvoir depuis l’indépendance. Celle qui devient la première femme élue à la tête de la Namibie a obtenu 57,31 % des suffrages.
Mais pour l’IPC, qui arrive officiellement en deuxième position avec 25,5 % des voix selon la commission électorale, ces dysfonctionnements cachent en réalité une tentative délibérée de supprimer des bulletins en décourageant certains électeurs. Le parti a immédiatement annoncé qu’il ne reconnaîtrait pas les résultats.
La justice ordonne l’accès aux procès-verbaux de vote
Dans un premier temps, l’IPC a saisi la justice pour obtenir l’accès aux procès-verbaux détaillés des votes exprimés et comptabilisés. Une requête à laquelle la Haute Cour a accédé le 9 décembre, ordonnant à la commission électorale de permettre à l’opposition de consulter ces documents pendant deux jours, en présence de la police et de responsables électoraux.
L’ordonnance accordée vise à permettre à l’IPC de vérifier la documentation requise en vue du dépôt de la demande principale le 23 décembre.
Imms Nashinge, porte-parole de l’IPC
L’opposition entend en effet s’appuyer sur ces éléments pour étayer son recours devant la Haute Cour, visant à faire annuler le scrutin. Le Mouvement des peuples sans terre, un parti d’opposition plus modeste, a également obtenu le même droit d’accès aux procès-verbaux.
Un nouveau test pour la démocratie namibienne
Près de 25 ans après une transition démocratique saluée par la communauté internationale, la Namibie voit donc son processus électoral sérieusement questionné. Si les observateurs internationaux ont globalement validé le scrutin malgré les problèmes logistiques, l’opposition entend prouver devant la justice l’existence de fraudes.
Pour de nombreux analystes, ce bras de fer judiciaire constitue un test crucial pour la solidité des institutions namibiennes. La capacité de la justice à examiner les recours de l’opposition en toute indépendance sera suivie avec attention, dans un pays souvent cité en exemple pour sa stabilité.
En attendant, la présidente élue Netumbo Nandi-Ndaitwah se prépare à prendre ses fonctions en mars prochain, avec la lourde tâche de répondre aux immenses défis économiques et sociaux qui attendent la Namibie. Mais elle devra d’abord convaincre de sa légitimité une partie de l’opposition et de l’électorat.