Une semaine après son investiture, le nouveau président américain Donald Trump a pris d’assaut la Maison Blanche dans un festival d’effets d’annonce. Mais derrière la pluie de décrets présidentiels sur des sujets aussi variés que l’immigration, l’environnement ou l’emploi fédéral, la portée réelle de ces premières mesures soulève déjà des doutes.
Un démarrage tonitruant, entre effets d’annonce et confusion
Fidèle à son style offensif, Trump a signé plus d’une douzaine de décrets dès sa prise de fonction. Des textes en apparence radicaux, comme le gel des embauches de fonctionnaires fédéraux, le retrait des États-Unis du traité de libre-échange transpacifique ou encore la relance controversée des projets d’oléoducs Keystone XL et Dakota Access, bloqués sous Obama pour des raisons environnementales.
Mais cette frénésie de décisions unilatérales masque mal une certaine improvisation. Plusieurs décrets, rédigés à la hâte, sont juridiquement fragiles et vulnérables à des recours en justice. Quant aux plus symboliques, comme la construction d’un mur à la frontière mexicaine, ils dépendent étroitement de financements du Congrès sur lesquels l’exécutif n’a pas toute latitude.
Le mur anti-immigration : une promesse difficile à tenir
Le décret migratoire de Trump suscite ainsi un vif débat. S’il entend concrétiser une promesse phare de campagne – expulser les immigrés clandestins et restreindre drastiquement les entrées sur le territoire – sa mise en oeuvre pratique et son coût pharaonique (estimé à 15 milliards de dollars) posent question.
Construire un mur n’arrêtera pas l’immigration illégale. De telles barrières sont incroyablement coûteuses et largement inefficaces.
Critiques de nombreux experts en politiques migratoires
Au-delà des obstacles logistiques, cette mesure pourrait aussi avoir un lourd impact diplomatique, dégradant les relations avec le Mexique et plus largement avec l’Amérique latine. Le président mexicain Enrique Peña Nieto a d’ailleurs annulé sa visite à Washington en représailles, ouvrant une crise entre les deux pays.
Vers une dérégulation tous azimuts non sans risques
En matière environnementale et énergétique aussi, les initiatives de Trump inquiètent. La relance des projets d’oléoducs controversés et la révision annoncée du Clean Power Plan d’Obama font craindre un dangereux coup de frein aux efforts de lutte contre le réchauffement climatique.
Plus largement, sa volonté affichée d’abolir « deux régulations pour toute nouvelle régulation créée » laisse présager une vague de dérégulation potentiellement néfaste pour la protection des consommateurs, les droits des travailleurs ou encore la stabilité financière, avec le risque de répéter les erreurs d’un passé pas si lointain…
Contestations en vue et contre-pouvoirs à l’affût
Face aux premiers excès trumpiens, la société civile américaine s’organise déjà. Manifestations géantes lors de la Women’s March, premières actions en justice intentées par des associations… De leur côté, certains États et grandes villes démocrates comme New York ou San Francisco promettent ouvertement de résister aux décisions fédérales jugées liberticides.
Du côté des institutions, d’âpres batailles s’annoncent au Congrès où les projets budgétaires de Trump devront être négociés. Quant à la Cour suprême, son rôle de garant constitutionnel pourrait rapidement être mis à l’épreuve par les décrets du bouillonnant président.
Si l’ère Trump promet d’être agitée, la marge de manœuvre du 45e président des États-Unis reste en réalité étroitement limitée par de puissants garde-fous démocratiques. À moins qu’il ne parvienne à imposer une dérive autoritaire remettant en cause ces piliers républicains. Un scénario catastrophe que beaucoup à Washington veulent encore croire impossible…
