À un an des Jeux Olympiques de Paris 2024, la question de leur organisation dans un contexte politique tendu agite les esprits. Guy Drut, champion olympique et membre du Comité International Olympique (CIO), livre son point de vue étonnant dans une interview au journal Le Monde. Selon lui, même avec un gouvernement Rassemblement National, rien ne s’oppose à la bonne tenue de l’événement.
Guy Drut favorable à une alliance LR-RN
L’ancien ministre des Sports sous Jacques Chirac se dit prêt à voter pour Les Républicains s’ils s’allient au RN pour les élections législatives des 30 juin et 7 juillet prochains. Une prise de position surprenante de la part de cet homme politique historiquement ancré à droite. Il justifie ce choix par la nécessité de faire barrage à ce qu’il appelle “la menace fasciste de gauche”.
Il faut que les cadres LR écoutent davantage la base. Ils me font penser à des bobos de droite, qui volent sur le dos pour ne pas voir la réalité.
– Guy Drut
Le RN n’est plus celui de Jean-Marie Le Pen selon Guy Drut
Pour justifier son soutien à un rapprochement avec le parti de Marine Le Pen, Guy Drut estime que le Rassemblement National a évolué depuis l’époque de son père fondateur, Jean-Marie Le Pen. Il voit désormais en Marine Le Pen et Jordan Bardella les représentants d’“une vraie droite” avec laquelle la droite traditionnelle peut et doit composer pour accéder au pouvoir.
Marine Le Pen, ce n’est plus la même chose, je la trouve plus responsable. Est-elle toujours – tout comme Jordan Bardella – d’extrême droite ? Pour moi, ils représentent une vraie droite.
– Guy Drut
Quelles conséquences pour les JO 2024 ?
Au-delà des considérations politiques, c’est bien l’impact sur l’organisation des Jeux Olympiques qui interroge. Beaucoup craignent des perturbations, voire un boycott, si jamais le Rassemblement National accédait au pouvoir. Mais Guy Drut se veut rassurant :
Il n’y a aucune raison que les Jeux olympiques se passent mal avec un gouvernement RN.
– Guy Drut
Le champion olympique du 110 mètres haies en 1976 à Montréal mise sur le pragmatisme et la volonté commune de réussir l’événement. Il rappelle que les JO dépassent les clivages politiques et doivent rassembler la nation. Un point de vue qui tranche avec les inquiétudes exprimées par de nombreux observateurs.
Des propos qui ne font pas l’unanimité
Si Guy Drut assume ses positions, celles-ci sont loin de faire consensus au sein du monde sportif et politique. Plusieurs de ses anciens camarades des Républicains, comme Gérard Larcher ou Valérie Pécresse, ont pris leurs distances avec l’idée d’une alliance avec l’extrême-droite. Côté sportif, des voix s’élèvent aussi pour mettre en garde contre les risques de dérive.
À un an du coup d’envoi des Jeux Olympiques de Paris 2024, ces déclarations relancent le débat sur le lien entre sport et politique. Elles montrent aussi les fractures qui traversent la droite française, écartelée entre une frange prête à toper avec le RN et une aile plus modérée qui s’y refuse. Quel visage aura la France pour accueillir les JO ? La question est plus que jamais posée.
