C’est une annonce qui a fait grand bruit dans le microcosme politique des Hauts-de-Seine. Ce lundi, le département a révélé son intention de renoncer à sa traditionnelle cérémonie de vœux prévue en 2025. Une décision motivée par un souci de « responsabilité et de maîtrise des dépenses publiques », dans un « contexte budgétaire contraint » touchant l’ensemble des collectivités locales. Derrière cette annulation se cachent de profondes interrogations sur l’avenir des finances des départements et les arbitrages parfois douloureux auxquels sont confrontés les exécutifs locaux.
La rigueur budgétaire s’invite à la cérémonie des vœux
Moment symbolique fort de la vie publique locale, la cérémonie des vœux permet habituellement aux élus de présenter leurs projets et ambitions pour l’année à venir. Mais en ces temps de disette budgétaire, difficile pour les départements de concilier ce rendez-vous convivial avec les impératifs de bonne gestion.
Selon nos informations, c’est Georges Siffredi, le président Les Républicains du département, qui aurait acté cette décision. Une annonce accueillie diversement par la classe politique alto-séquanaise.
« Il faut savoir faire des choix. Renoncer à cette cérémonie, c’est donner un signal fort de responsabilité budgétaire », confie un proche du président Siffredi. « Cela montre que nous sommes prêts à faire des efforts, à tous les niveaux ».
Une tonalité qui tranche avec les critiques de l’opposition départementale, qui dénonce une mesure « symbolique » et « déconnectée des vrais enjeux ». « Supprimer la cérémonie des vœux ne résoudra pas les problèmes budgétaires du département. C’est de la poudre aux yeux », tacle un élu socialiste.
5 milliards d’euros d’économies demandés aux collectivités
Il faut dire que la pilule a du mal à passer pour de nombreux élus locaux. Dans le cadre de son projet de loi de finances pour 2025, le gouvernement a en effet demandé aux collectivités de participer à hauteur de 5 milliards d’euros à l’effort de redressement des comptes publics. Une douche froide pour des territoires déjà fragilisés par une conjoncture difficile.
En 2023, la situation financière des départements s’est fortement dégradée, prise en étau entre des recettes en berne et des dépenses de fonctionnement en hausse. Un effet ciseaux qui oblige les exécutifs à se serrer la ceinture et à traquer la moindre économie.
L’Île-de-France aussi concernée par les restrictions
Les Hauts-de-Seine ne sont pas les seuls à devoir revoir leurs plans. Avant eux, la région Île-de-France avait elle aussi annoncé l’annulation de sa cérémonie de vœux pour 2025, signe que l’heure est à la rigueur budgétaire pour l’ensemble des collectivités franciliennes.
Partout, les élus locaux tirent la sonnette d’alarme et demandent à l’État de desserrer l’étau. Certains, comme le maire de Verdun, ont même mis leur démission dans la balance, appelant à un mouvement de protestation plus large.
« On ne peut pas nous demander toujours plus d’efforts, tout en réduisant nos marges de manœuvre. À un moment, il faut choisir », s’agace un maire des Yvelines. « Soit on nous donne les moyens de mener des politiques ambitieuses, soit on accepte de revoir nos standards à la baisse. Mais on ne peut pas faire les deux ».
Vers une vague d’annulations dans toute la France ?
Reste à savoir si la décision des Hauts-de-Seine fera école. Déjà, de nombreux départements songent à leur emboîter le pas, redessinant par petites touches le visage des cérémonies de vœux à venir.
Au-delà du symbole, c’est bien la question de l’autonomie financière des collectivités qui se pose. Entre des dotations en baisse et des compétences toujours plus nombreuses, l’équation budgétaire devient chaque année plus compliquée à résoudre pour des exécutifs locaux pris en tenaille.
Une situation intenable à long terme, qui oblige à repenser en profondeur notre modèle de financement des territoires. Mais en attendant cette grande réforme, ce sont bien les départements qui sont en première ligne. Et qui doivent, bon an mal an, s’adapter à ce nouveau paradigme fait de contraintes et de renoncements.
L’annulation de la cérémonie de vœux dans les Hauts-de-Seine n’est finalement que la partie émergée d’un iceberg bien plus vaste. Celui d’une crise des finances locales qui ne cesse de s’amplifier, et qui promet de rebattre les cartes du jeu politique territorial dans les années à venir. Un sacré défi pour des élus locaux plus que jamais en quête de solutions durables.