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Les Etats-Unis Imposent De Nouvelles Restrictions Sur Les Puces Électroniques Chinoises

Washington serre encore la vis sur les exportations de puces électroniques vers la Chine. Pékin crie à l'abus et menace de riposter. Un nouveau chapitre dans la guerre technologique entre les deux géants à l'aube de la présidence Trump. Quelles seront les conséquences pour cette industrie cruciale ?

Les pions continuent de s’avancer sur l’échiquier de la guerre technologique sino-américaine. Dans un nouveau coup porté à l’industrie des semi-conducteurs chinoise, l’administration Biden vient de restreindre encore davantage les exportations de puces électroniques et d’équipements pour les fabriquer vers l’empire du Milieu. Washington brandit l’étendard de la sécurité nationale, Pékin crie à l’abus de pouvoir. Sur fond de passation présidentielle à venir, ce bras de fer d’un nouveau genre pourrait bien rythmer le second mandat de Donald Trump.

Le spectre d’une Chine suréquipée

Derrière cette décision, une crainte : voir la Chine acquérir des technologies de pointe « qui pourraient être utilisées dans la prochaine génération d’armes ainsi que dans l’intelligence artificielle et l’informatique avancée, qui ont d’importantes applications militaires », justifie le département du Commerce américain. Un levier pour entraver les velléités de modernisation de l’armée chinoise en sapant sa capacité à produire des puces dernier cri.

Avec ces restrictions, les États-Unis ont pris des mesures importantes pour protéger notre technologie de toute utilisation par nos adversaires qui menacerait notre sécurité nationale.

Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche

Concrètement, l’oncle Sam gardera un œil vigilant sur les exportations de ces technologies sensibles, avec le pouvoir de les stopper net s’il juge qu’elles représentent une menace pour ses intérêts.

Pékin contre-attaque

Sans surprise, la réplique chinoise n’a pas tardé. Un porte-parole du ministère du Commerce a fustigé un « abus des mesures de contrôle des exportations » de la part de Washington, accusé d’ « entraver les échanges économiques et commerciaux normaux ». La Chine n’a pas détaillé ses intentions mais nul doute qu’elle compte bien riposter.

Le retour de bâton

Ce nouvel épisode ravive les braises encore chaudes de la guerre commerciale lancée par Donald Trump lors de son premier mandat. Celui qui s’apprête à reprendre les rênes avait déjà menacé de relever les droits de douane pour inciter les entreprises à relocaliser aux États-Unis.

Le président élu Trump s’est engagé à prendre des mesures drastiques sur le front du commerce entre les États-Unis et la Chine, qui éclipsent ces contrôles à l’exportation.

Thibault Denamiel, chercheur au CSIS

Dans le viseur

Washington cible précisément :

  • 24 types d’équipements de fabrication des semi-conducteurs
  • 3 types d’outils logiciels pour le développement ou la production de ces puces électroniques
  • 140 entreprises chinoises supplémentaires soupçonnées d’agir pour le compte de Pékin

Parmi elles, les sociétés chinoises Piotech, SiCarrier Technology ou encore Naura Technology Group, un fabricant d’équipements de production de puces, se retrouvent dans le collimateur du département du Commerce.

Chips Act, l’autre front

En parallèle, Joe Biden avait fait voter en 2022 le Chips Act, un plan massif pour doper l’industrie nationale des semi-conducteurs. Jusqu’à 52 milliards de dollars sur la table pour relocaliser une filière jugée stratégique, dont la délocalisation en Asie, mise en lumière par la pandémie, comportait trop de risques en termes d’approvisionnement. Car pour l’heure, la Chine, Taïwan et la Corée du Sud règnent en maîtres sur ce marché.

Il y a plusieurs décennies, les États-Unis produisaient encore plus de 40% des semi-conducteurs au niveau mondial. Aujourd’hui, ils représentent moins de 10% de la production mondiale.

Source : Maison-Blanche

Enjeux stratégiques

Les semi-conducteurs, véritables « cerveaux » de nos appareils électroniques, sont devenus le nerf de la guerre technologique. Indispensables aussi bien dans nos smartphones que dans les équipements militaires de pointe, leur maîtrise confère un avantage stratégique certain. Un enjeu d’autant plus crucial à l’heure où intelligence artificielle et informatique quantique bousculent la donne.

En bridant les ambitions chinoises et en investissant massivement sur son sol, Washington compte bien reprendre la main dans cette course aux puces. Mais dans cette partie d’échecs géopolitique, la Chine n’a pas dit son dernier mot. Et l’Europe, pour l’heure en retrait, pourrait bien avoir un rôle clé à jouer.

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