L’Amérique retient son souffle. La réélection de Donald Trump pour un second mandat à la Maison Blanche ouvre une nouvelle ère d’incertitude, où la vérité elle-même semble vaciller. Sur fond de fraudes électorales présumées, de complots ourdis et de défiance envers la science, les quatre années à venir s’annoncent explosives pour l’information. Analyse d’une dérive inquiétante aux conséquences potentiellement mondiales.
Une campagne entre fake news et remises en cause
Tout au long de sa campagne, le milliardaire n’a eu de cesse de distiller rumeurs et contre-vérités. Des allégations infondées de fraude lors de sa défaite en 2020 face à Joe Biden, aux fausses informations sur l’aide fédérale après le passage dévastateur de l’ouragan Hélène, Donald Trump a déversé un véritable torrent de mensonges, massivement relayé sur les réseaux sociaux.
Une stratégie payante, soulignent les experts. Selon divers sondages, environ un tiers des Américains considèrent ainsi que l’élection de 2020 a été « volée » par Joe Biden. Un chiffre alarmant qui démontre l’ampleur de la désinformation ambiante, atteignant selon Bill Adair, fondateur de PolitiFact, des sommets inédits.
Les réseaux sociaux, caisse de résonance privilégiée
Au cœur de cette propagation sans précédent, les réseaux sociaux jouent un rôle clé. Devenus la première source d’information pour de nombreux citoyens, ils apparaissent pourtant incapables d’endiguer le flot continu de fausses nouvelles.
Le problème de la désinformation n’a jamais été aussi grave (…) la modération des réseaux sociaux et la vérification des allégations ne fonctionnent manifestement pas.
Bill Adair, fondateur de PolitiFact
Selon des chercheurs de NewsGuard, pas moins de 963 sites web et 793 comptes influents ont ainsi propagé des fake news pendant la campagne. Une machine bien huilée, alimentée par la droite américaine via la création de « memes » viraux, selon la chercheuse Renee DiResta. L’implication d’Elon Musk, nouveau propriétaire de Twitter et fervent soutien de Trump, n’arrange rien.
Le spectre d’une dérive complotiste et antiscience
Plus inquiétant encore, les sujets scientifiques comme le climat, les vaccins ou la santé publique sont en première ligne de cette vague désinformative. Un phénomène illustré par la probable nomination de Robert Kennedy Jr., vaccino-sceptique notoire et adepte des théories du complot, à un poste clé sur les questions de santé.
Une dérive antiscience qui rappelle de sombres précédents. Sous le premier mandat de Trump, environ 1400 modifications visant à gommer des données sur la pollution, le réchauffement climatique ou les espèces en danger avaient ainsi été apportées aux sites d’agences environnementales, selon l’Union of Concerned Scientists (UCS).
Vers un avenir incertain et potentiellement dangereux
Face à ce déferlement de mensonges, les inquiétudes sont vives pour les quatre années à venir. Entre attaques contre les institutions, rejet de la science et creusement de la fracture au sein de la société américaine, le nouveau mandat Trump pourrait faire voler en éclat les derniers garde-fous de la vérité.
Le chemin du président élu Trump vers la Maison Blanche a été une campagne sans précédent de désinformation, de menaces, d’une rhétorique vouée à diviser et de promesses politiques dangereuses. Il est compréhensible d’envisager les quatre prochaines années avec de sérieuses inquiétudes.
Kim Waddell, président par intérim de l’UCS
Dans un monde de plus en plus chaotique et interconnecté, les dérives trumpiennes ne menacent pas seulement l’équilibre démocratique américain. C’est bel et bien l’avenir de nos sociétés, bâties sur la raison et le savoir, qui pourrait vaciller sur l’autel de la post-vérité. Une sombre perspective qui nous concerne tous. Il est plus que temps d’ouvrir les yeux.