Tel un funambule sur un fil, le prochain gouvernement issu des élections législatives de 2024 devra avancer avec précaution. Car au-dessus de sa tête planera en permanence une épée de Damoclès redoutable : la motion de censure. Avec une Assemblée nationale morcelée où aucune majorité claire ne se dégage, le premier ministre, quel qu’il soit, sera constamment sur la sellette, à la merci des députés qui pourraient le renverser à tout moment.
Une situation politique inédite sous la Ve République
Jamais sous la Ve République, le paysage politique n’a été aussi fragmenté. Les différentes forces en présence peinent à s’entendre pour former une coalition stable. Résultat : le spectre d’une valse des premiers ministres se profile, avec des gouvernements qui se succéderaient sans avoir le temps de mener des réformes de fond, aussitôt désavoués par les députés.
Une instabilité chronique qui fait craindre une paralysie institutionnelle. Car pour légiférer, tout premier ministre a besoin du soutien de l’Assemblée. Sinon, c’est la porte ouverte aux motions de censure à répétition et à une crise politique majeure.
J’appellerai mes amis à censurer ce gouvernement, car ça ne correspond pas à la volonté des Français.
Gérard Larcher, président du Sénat
Vers une recomposition du paysage politique ?
Face à ce risque d’impasse démocratique, certains en appellent à un dépassement des clivages traditionnels. Une grande coalition réunissant différentes sensibilités autour d’un projet commun pour le pays. Mais les ego et les divergences idéologiques rendent cette hypothèse improbable à ce stade.
D’autres évoquent une dissolution rapide de l’Assemblée et un retour aux urnes pour tenter de résoudre l’équation. Un pari risqué, tant l’opinion semble volatile. En attendant, c’est un véritable casse-tête politique qui s’annonce, avec des alliances à géométrie variable et des débats houleux en perspective dans l’hémicycle.
Les défis du futur gouvernement
Dans ce contexte tendu, le premier ministre devra faire preuve d’un grand sens du dialogue et du compromis pour espérer rester en place. Certains dossiers urgents, comme la réforme des retraites ou la transition écologique, exigeront de construire des majorités d’idées au-delà des partis. Un exercice périlleux.
- Rassembler autour d’un programme ambitieux et rassembleur
- Nouer des alliances solides sur les grands enjeux du pays
- Incarner un nouveau souffle tout en rassurant sur sa solidité
Le défi s’annonce immense pour le locataire de Matignon, qui devra en permanence ménager sa majorité tout en tendant la main aux oppositions. Tout en gardant le cap face aux crises qui ne manqueront pas de survenir. Un vrai numéro d’équilibriste sous les fourches caudines du Parlement. L’avenir du pays en dépend.
Gouverner, ce sera marcher sur un fil au-dessus du vide avec un vent tourbillonnant.
Un député
Une chose est sûre : les prochains mois s’annoncent agités et incertains sur le front politique. Avec une épée de Damoclès en permanence au-dessus de la tête du gouvernement. Un sacré défi démocratique en perspective. Les Français attendent des résultats concrets pour leur vie quotidienne. Pas sûr que le spectacle d’une classe politique fragmentée en plein blocage soit de nature à les rassurer. À moins que de ce grand chambardement ne naisse un nouvel élan…
