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L’entre-soi européen à Bruxelles : Oligarchie et arrangements

Malgré le message clair des urnes aux élections européennes, les dirigeants à Bruxelles semblent continuer leur entre-soi habituel. La présidente du Conseil italien Giorgia Meloni dénonce une "oligarchie" se partageant les postes clés avant même de définir les priorités. L'Europe a-t-elle vraiment changé de cap ?

Moins de trois semaines après les élections européennes du 9 juin, on pourrait penser que les dirigeants de l’UE ont déjà relégué aux oubliettes le message pourtant clair envoyé par les urnes. Bien que le pouvoir n’ait pas changé de mains au Conseil européen ni au Parlement de Strasbourg, où l’alliance entre la droite modérée, le centre et les sociaux-démocrates domine toujours, les électeurs ont indéniablement fait pencher l’Europe vers la droite. La progression des conservateurs du Parti Populaire Européen (PPE) s’est accompagnée d’une forte poussée des souverainistes, corollaire d’un net recul des centristes de Renew.

Pourtant, depuis le scrutin, peu de choses semblent avoir changé à Bruxelles. Ceux qui contrôlent les leviers du pouvoir ont continué leurs petits arrangements, avec la force de l’habitude. Ils se sont mis d’accord entre eux pour renouveler le mandat de la chrétienne-démocrate allemande Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne, et nommer à d’autres postes stratégiques des personnalités issues des mêmes familles politiques qu’auparavant.

L'”oligarchie” européenne dénoncée par Giorgia Meloni

Face à cet entre-soi bruxellois, des voix discordantes se font entendre, à commencer par celle de la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni. Cette figure montante des souverainistes européens n’a pas mâché ses mots pour fustiger une « oligarchie » qui se partage les prébendes avant même d’avoir défini ses priorités pour le prochain quinquennat.

Nous assistons à un théâtre de l’absurde. Ils sont en train de se répartir les postes avant même d’avoir présenté un programme. C’est la énième démonstration que les citoyens comptent peu à Bruxelles.

– Giorgia Meloni, présidente du Conseil italien

Un constat partagé par d’autres responsables politiques qui dénoncent la précipitation et l’opacité avec lesquelles ces tractations sont menées en coulisses, loin des regards et du contrôle des citoyens. Pour beaucoup, cela témoigne du décalage persistant entre les institutions européennes et les aspirations des peuples, pourtant exprimées clairement dans les urnes le 9 juin dernier.

Un Parlement européen plus fragmenté et polarisé

Certes, le rapport de force au Parlement européen n’a pas été bouleversé au point de remettre en cause la coalition informelle PPE-S&D-Renew, qui devrait continuer de fonctionner. Mais la progression des conservateurs, la percée des souverainistes et le recul des centristes et de la gauche radicale dessinent une assemblée plus fragmentée et polarisée.

Avec 176 sièges, le PPE reste le premier groupe mais il est talonné par les sociaux-démocrates (S&D) qui en comptent désormais 145. Les centristes de Renew, affaiblis, n’en ont plus que 102. À eux trois, ces groupes disposent d’une confortable majorité de 423 sièges sur 705. Mais ils devront composer avec une extrême droite renforcée (128 sièges) et des Verts stables (68 sièges).

Un besoin de renouveau et de transparence

Dans ce contexte, beaucoup s’interrogent sur la capacité des institutions européennes à se réformer pour mieux répondre aux attentes des citoyens en termes de renouveau et de transparence. Le mode de désignation du président de la Commission, via des négociations opaques entre chefs d’État et de gouvernement, est particulièrement critiqué.

De même, la pratique consistant à se répartir les postes clés selon des considérations géographiques et partisanes, plutôt que sur la base des compétences et du projet, suscite l’incompréhension. Pour ses contempteurs, elle illustre la dérive d’un système qui tourne en vase clos et perd le contact avec les réalités et les préoccupations des populations.

Vers une Europe plus à l’écoute et représentative ?

Ainsi, au-delà des questions institutionnelles, c’est bien un changement de méthode et de culture politique que beaucoup appellent de leurs vœux à Bruxelles. L’enjeu est de taille pour la crédibilité et la légitimité du projet européen, qui ne peut plus se construire sans, ou pire contre les peuples.

Reste à savoir si ce message sera entendu et surtout traduit dans les faits par les nouveaux dirigeants européens. Les prochains mois, avec la mise en place de la nouvelle Commission et la définition des priorités pour 2024-2029, constitueront un test décisif. C’est à l’aune de leur capacité à incarner le changement et à réconcilier les citoyens avec l’Europe que Ursula von der Leyen et son équipe seront jugés.

Un défi immense les attend pour remédier au sentiment d’éloignement voire de défiance qui s’est exprimé dans les urnes le 9 juin. Seule une Europe plus transparente, plus démocratique et plus à l’écoute des peuples pourra y parvenir et ainsi conjurer le spectre de la désunion et du repli national. Le chemin est encore long mais l’alternative n’est pas envisageable si l’on veut préserver cet idéal de paix, de prospérité et de solidarité qui a présidé à la construction européenne et qui, plus que jamais, doit guider son avenir.

Face à cet entre-soi bruxellois, des voix discordantes se font entendre, à commencer par celle de la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni. Cette figure montante des souverainistes européens n’a pas mâché ses mots pour fustiger une « oligarchie » qui se partage les prébendes avant même d’avoir défini ses priorités pour le prochain quinquennat.

Nous assistons à un théâtre de l’absurde. Ils sont en train de se répartir les postes avant même d’avoir présenté un programme. C’est la énième démonstration que les citoyens comptent peu à Bruxelles.

– Giorgia Meloni, présidente du Conseil italien

Un constat partagé par d’autres responsables politiques qui dénoncent la précipitation et l’opacité avec lesquelles ces tractations sont menées en coulisses, loin des regards et du contrôle des citoyens. Pour beaucoup, cela témoigne du décalage persistant entre les institutions européennes et les aspirations des peuples, pourtant exprimées clairement dans les urnes le 9 juin dernier.

Un Parlement européen plus fragmenté et polarisé

Certes, le rapport de force au Parlement européen n’a pas été bouleversé au point de remettre en cause la coalition informelle PPE-S&D-Renew, qui devrait continuer de fonctionner. Mais la progression des conservateurs, la percée des souverainistes et le recul des centristes et de la gauche radicale dessinent une assemblée plus fragmentée et polarisée.

Avec 176 sièges, le PPE reste le premier groupe mais il est talonné par les sociaux-démocrates (S&D) qui en comptent désormais 145. Les centristes de Renew, affaiblis, n’en ont plus que 102. À eux trois, ces groupes disposent d’une confortable majorité de 423 sièges sur 705. Mais ils devront composer avec une extrême droite renforcée (128 sièges) et des Verts stables (68 sièges).

Un besoin de renouveau et de transparence

Dans ce contexte, beaucoup s’interrogent sur la capacité des institutions européennes à se réformer pour mieux répondre aux attentes des citoyens en termes de renouveau et de transparence. Le mode de désignation du président de la Commission, via des négociations opaques entre chefs d’État et de gouvernement, est particulièrement critiqué.

De même, la pratique consistant à se répartir les postes clés selon des considérations géographiques et partisanes, plutôt que sur la base des compétences et du projet, suscite l’incompréhension. Pour ses contempteurs, elle illustre la dérive d’un système qui tourne en vase clos et perd le contact avec les réalités et les préoccupations des populations.

Vers une Europe plus à l’écoute et représentative ?

Ainsi, au-delà des questions institutionnelles, c’est bien un changement de méthode et de culture politique que beaucoup appellent de leurs vœux à Bruxelles. L’enjeu est de taille pour la crédibilité et la légitimité du projet européen, qui ne peut plus se construire sans, ou pire contre les peuples.

Reste à savoir si ce message sera entendu et surtout traduit dans les faits par les nouveaux dirigeants européens. Les prochains mois, avec la mise en place de la nouvelle Commission et la définition des priorités pour 2024-2029, constitueront un test décisif. C’est à l’aune de leur capacité à incarner le changement et à réconcilier les citoyens avec l’Europe que Ursula von der Leyen et son équipe seront jugés.

Un défi immense les attend pour remédier au sentiment d’éloignement voire de défiance qui s’est exprimé dans les urnes le 9 juin. Seule une Europe plus transparente, plus démocratique et plus à l’écoute des peuples pourra y parvenir et ainsi conjurer le spectre de la désunion et du repli national. Le chemin est encore long mais l’alternative n’est pas envisageable si l’on veut préserver cet idéal de paix, de prospérité et de solidarité qui a présidé à la construction européenne et qui, plus que jamais, doit guider son avenir.

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