Il est difficile d’imaginer la Chine comme un champion des énergies vertes. Pourtant, les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2024, l’empire du Milieu va ajouter pas moins de 340 gigawatts de capacité électrique grâce au solaire et à l’éolien. Un chiffre ahurissant qui représente près des deux tiers des installations d’énergies renouvelables en construction dans le monde. Comment expliquer un tel paradoxe ?
La Chine, usine à panneaux solaires
La Chine est depuis des années le premier producteur mondial de panneaux photovoltaïques. Cette industrie en plein essor lui permet d’équiper massivement son territoire, avec 180 gigawatts de nouvelles capacités solaires prévues rien que pour 2024. À titre de comparaison, c’est autant que l’ensemble du parc solaire européen cumulé à ce jour !
L’essor de l’énergie solaire en Chine s’accompagne d’un déploiement tout aussi spectaculaire de l’éolien. Le pays devrait ajouter 159 gigawatts de capacité éolienne cette année, portant le total des énergies renouvelables installées en 2024 à 339 gigawatts. De quoi largement dépasser le charbon dans le mix énergétique national.
Un tournant vert pour réduire les émissions
Ces investissements massifs s’inscrivent dans la volonté affichée par Pékin de réduire sa dépendance aux énergies fossiles et ses émissions de gaz à effet de serre. La Chine vise un pic d’émissions de CO2 avant 2030 et la neutralité carbone en 2060.
Il existe un potentiel important pour abandonner progressivement la production basée sur le charbon, ce qui représente une opportunité significative de réduction des émissions au cours des 10 prochaines années.
Center for research on energy and clean air
Pour atteindre ces objectifs et répondre à la demande électrique croissante de ses 1,4 milliard d’habitants et de son industrie, la Chine mise donc sur un mix énergétique de plus en plus vert, où le solaire et l’éolien vont jouer un rôle prépondérant dans les années à venir.
Vers un leadership chinois des renouvelables
Alors que de nombreux pays peinent encore à développer leurs énergies vertes, la Chine semble avoir pris une longueur d’avance. Avec des capacités renouvelables qui devraient bondir de 2000 gigawatts entre 2023 et 2028, soit trois fois plus que ces cinq dernières années selon l’Agence internationale de l’énergie, l’empire du Milieu s’impose comme le nouvel eldorado des énergies propres.
- La Chine aura installé 4 fois plus de renouvelables que l’Europe entre 2023 et 2028
- Et 6 fois plus que les États-Unis sur la même période
La Chine dépasse largement ses concurrents en termes d’investissements et de déploiement des énergies vertes. Une tendance de fond qui devrait s’accélérer et faire du géant asiatique le nouveau leader des technologies bas carbone.
Un géant énergétique au défi de la transition
Malgré ces avancées spectaculaires, la Chine reste encore très dépendante du charbon, qui représente 60% de son mix électrique. Le plus grand émetteur mondial de CO2 est confronté au défi titanesque de verdir son économie sans freiner sa croissance.
Car si le solaire et l’éolien progressent à pas de géant, la demande d’électricité galope encore plus vite, tirée par l’essor des villes et des classes moyennes. Un dilemme cornélien entre croissance et climat qui ne pourra être résolu que par une stratégie énergétique ambitieuse et de long terme.
La Chine semble avoir choisi son camp, celui d’un leadership dans les technologies vertes pour assurer son avenir. Le monde entier observe avec attention cette mue d’un géant énergétique au défi de la transition écologique. Les paris sont ouverts.