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L’emprunt public britannique s’envole, mettant à l’épreuve le gouvernement travailliste

L'emprunt public du Royaume-Uni atteint des sommets en décembre, mettant au défi le gouvernement travailliste de rassurer les marchés malgré des indicateurs économiques moroses. Quelles seront les prochaines étapes pour redresser la barre ?

Alors que le Royaume-Uni traverse une période économique tumultueuse, les derniers chiffres de l’emprunt public font l’effet d’une douche froide. Selon l’Office national des statistiques (ONS), les emprunts publics ont atteint la somme vertigineuse de 17,8 milliards de livres en décembre 2022, soit 10,1 milliards de plus qu’à la même période l’année précédente.

Un défi de taille pour le gouvernement travailliste

Face à cette situation alarmante, le gouvernement travailliste se retrouve sous pression pour restaurer la confiance des marchés et des investisseurs. La ministre des Finances, Rachel Reeves, avait pourtant tenté de rassurer en présentant fin octobre un budget mêlant hausses d’impôts et emprunts exceptionnels pour investir, mais cela n’a pas suffi à convaincre.

Comme le souligne Jessica Barnaby, directrice adjointe des finances publiques à l’ONS, ces chiffres représentent les « troisièmes emprunts les plus élevés jamais enregistrés en décembre ». Un constat accablant qui vient s’ajouter à une croissance atone et des taux d’emprunt de la dette au plus haut depuis plus de 25 ans.

Des règles fiscales « non négociables »

Face à la tempête, le gouvernement s’efforce de garder le cap. Darren Jones, secrétaire en chef du Trésor britannique, a ainsi réaffirmé avec fermeté que les règles fiscales étaient « non négociables » et qu’une « main de fer » serait maintenue sur les finances publiques. Mais les observateurs s’interrogent sur la marge de manœuvre réelle de l’exécutif.

Des prévisions budgétaires très attendues

Tous les regards sont désormais tournés vers le 26 mars, date à laquelle l’organisme public de prévision budgétaire OBR doit présenter ses prévisions économiques pour l’exercice fiscal en cours. Des projections cruciales qui indiqueront si le gouvernement parvient à respecter ses propres règles d’emprunt. En attendant, l’inquiétude grandit.

Les emprunts publics ont atteint des niveaux astronomiques. C’est très préoccupant pour l’avenir du pays. Le gouvernement doit absolument trouver des solutions.

Un expert économique qui a souhaité garder l’anonymat

Quelles options pour redresser la barre ?

Si les prévisions de l’OBR s’avèrent négatives, le gouvernement travailliste pourrait être contraint de revoir sa copie, en actionnant différents leviers :

  • Nouvelles hausses d’impôts ciblées
  • Coupes dans les dépenses publiques
  • Réformes structurelles pour doper la croissance
  • Assouplissement temporaire des règles budgétaires

Mais chacune de ces options comporte des risques politiques et économiques non négligeables. Les prochains mois s’annoncent donc décisifs pour l’avenir du Royaume-Uni et la crédibilité du gouvernement travailliste. Dans ce contexte tendu, une chose est sûre : le moindre faux pas pourrait avoir des conséquences désastreuses.

L’opposition monte au créneau

Sans surprise, l’opposition conservatrice n’a pas tardé à saisir cette opportunité pour attaquer le bilan économique du gouvernement. Certains députés accusent les travaillistes d’avoir été trop dépensiers et de ne pas avoir su anticiper la dégradation des finances publiques.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le gouvernement a été incapable de tenir ses promesses et de gérer correctement le budget du pays. Il est temps de changer de cap.

Une source proche des Tories

Mais pour l’heure, le gouvernement semble déterminé à maintenir son cap, en misant sur une reprise progressive de la croissance et une maîtrise accrue des dépenses. Un pari risqué dans un contexte international incertain, marqué par les tensions géopolitiques et les soubresauts de l’économie mondiale.

Vers une remise en question du modèle britannique ?

Au-delà des joutes politiques, cette nouvelle donne budgétaire pourrait accélérer une réflexion de fond sur le modèle économique et social du Royaume-Uni post-Brexit. Nombreux sont ceux qui appellent à des réformes structurelles d’ampleur pour moderniser le pays et le rendre plus résilient face aux chocs.

Mais toute velléité de changement se heurte à de fortes résistances, notamment de la part des milieux d’affaires et des partisans d’un Etat minimal. La tâche s’annonce donc ardue pour le gouvernement travailliste, qui devra naviguer entre impératifs budgétaires, attentes sociales et pressions politiques.

Une chose est sûre : les prochains mois seront cruciaux pour l’avenir du Royaume-Uni. Entre volonté de réforme et tentation du statu quo, le pays semble à la croisée des chemins. Et dans ce contexte incertain, la gestion des finances publiques s’annonce comme un défi majeur pour le gouvernement et la société britannique dans son ensemble.

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