À sept jours du premier tour des élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet, Gabriel Attal veut croire en la “dynamique” du camp présidentiel malgré sa défaite cuisante aux européennes. Invité ce dimanche du “Grand Jury RTL-Le Figaro-M6-Paris Première”, le premier ministre en sursis a jugé que le Rassemblement national n’était “pas prêt à gouverner”, le qualifiant de simple “parti d’opposition”.
Alors que les premiers sondages donnent la majorité présidentielle distancée, créditée de 21,5% à 22% d’intentions de vote derrière le RN et la gauche unie, Gabriel Attal préfère retenir la tendance :
On part de bas, on était à 14% aux élections européennes. Les troupes macronistes sont celles qui ont le plus de dynamique dans cette campagne.
Gabriel Attal, premier ministre
Placardé sur les affiches de plusieurs candidats de la majorité à la place d’Emmanuel Macron, le locataire de Matignon joue gros dans ce scrutin, lui qui n’est en poste que depuis 5 mois. Une victoire surprenante lui offrirait une “légitimation supplémentaire” qui pourrait peser dans son bras de fer en coulisses avec le président.
Le RN, un “parti d’opposition” pas crédible selon Attal
Mais la priorité du chef du gouvernement est d’abord de contrer la menace du Rassemblement national, en tête des intentions de vote. Gabriel Attal a donc dégainé ses flèches les plus acérées contre le parti de Marine Le Pen, l’accusant de n’être “pas prêt à gouverner” :
Le RN est un parti d’opposition. Quand on l’interroge sur comment financer ses propositions, il n’a pas la réponse.
Gabriel Attal, premier ministre
Une critique qu’il a adressée plus particulièrement à Jordan Bardella, numéro 2 du RN qui rêve de lui succéder à Matignon. Ce dernier a laissé entendre qu’il déclinerait le poste de premier ministre si son camp n’obtenait qu’une majorité relative à l’Assemblée.
C’est une forme de refus d’obstacle. Quand on m’a proposé d’être premier ministre, pas une seconde je me suis dit que ce serait trop compliqué parce qu’il y aurait une majorité relative.
Gabriel Attal, premier ministre
Appel du pied aux électeurs de droite et de gauche déçus
Pour tenter de convaincre les électeurs hésitants ou tentés par d’autres votes, Gabriel Attal a voulu incarner une forme de rassemblement, tendant la main :
- Aux “Français d’une droite gaulliste qui ne se retrouvent pas derrière le RN” et l’alliance LR/RN
- À ceux d’une “gauche républicaine qui rejettent le communautarisme de LFI” et la NUPES
Chef de la campagne de la majorité, le premier ministre promet d’aller “davantage sur le terrain” cette dernière semaine. Sur le fond, il assure que son camp ira “plus loin” sur le pouvoir d’achat et la sécurité en cas de victoire le 7 juillet.
Comme en écho aux doutes qui s’expriment en privé chez certains ténors de la Macronie, Gabriel Attal a martelé que “la seule personne qui est assurée de rester en poste à l’issue de ces législatives, c’est le président de la République”. Le message est clair : en cas de défaite, c’est bien sa tête qui est sur le billot.
Reste à voir si cet ultime avertissement et ce baroud d’honneur suffiront à réveiller un électorat macroniste en perte de repères et de vitesse. Les urnes rendront leur verdict en deux temps, les 30 juin et 7 juillet, au terme d’une séquence post-européennes chaotique pour le camp présidentiel. L’avenir politique de Gabriel Attal, et au-delà la future majorité, en dépendent.