Dernière ligne droite avant les élections législatives des 30 juin et 7 juillet 2024. Après une semaine de rebondissements suite à la dissolution surprise de l’Assemblée Nationale, la campagne éclair du premier tour démarre officiellement ce lundi dans un climat de haute tension politique. Les 577 candidats en lice sont désormais tous déclarés, place maintenant au sprint final de 15 jours pour convaincre les électeurs !
Le Rassemblement National en pole position
Fort de sa victoire aux Européennes il y a un mois, le Rassemblement National aborde ces législatives en position de force. Selon les derniers sondages, le parti de Marine Le Pen est crédité d’environ 30% d’intentions de vote au premier tour, loin devant ses concurrents. Le coup de maître d’Éric Ciotti, le patron des Républicains, qui a scellé une alliance avec le RN pour « rassembler les droites » face à « l’extrême-gauche », devrait encore doper les scores du RN.
Une soixantaine de candidats estampillés « Rassemblement des droites » et soutenus par le RN ont été investis. De quoi permettre au parti d’extrême-droite d’espérer une majorité à l’Assemblée, du jamais vu sous la Vème République. Mais cette stratégie provoque une fracture majeure chez LR, avec près de 400 candidats dissidents, fidèles à une ligne indépendante du RN. La droite part donc divisée, ce qui pourrait lui coûter cher.
L’union de la gauche à l’épreuve du feu
Deuxième force dans les sondages avec environ 25% des voix, la gauche unie sous la bannière « Nouveau Front Populaire » espère créer la surprise. Cette alliance hétéroclite allant du PS à LFI, en passant par EELV et le PCF, a réussi l’exploit de se mettre d’accord en quelques jours sur un programme commun et une répartition des circonscriptions, après des mois de divisions.
Mais à peine formée, cette union se révèle déjà fragile, avec un premier psychodrame autour de l’investiture de figures controversées comme Adrien Quatennens, condamné pour violences conjugales et finalement contraint de renoncer à se présenter. Les leaders de gauche devront faire preuve d’unité lors de leur premier meeting de campagne ce lundi soir à Montreuil s’ils veulent convaincre et l’emporter.
Renaissance en danger
Sonnée par la dissolution, la majorité présidentielle fait figure d’outsider dans cette campagne. Avec seulement 20% des intentions de vote, la coalition Renaissance (ex-LREM) est menacée d’arriver en troisième position dans de nombreuses circonscriptions, derrière le RN et la gauche. Pour tenter de sauver les meubles, la majorité a renoncé à présenter des candidats face à une vingtaine de députés de l’opposition jugés « constructifs », de gauche comme de droite.
L’objectif est d’éviter une déroute et de préserver un groupe conséquent à l’Assemblée pour peser. Mais Emmanuel Macron risque de se retrouver en grande difficulté pour gouverner en cas de majorité relative ou d’opposition. L’enjeu est donc vital pour le président et le gouvernement d’Elisabeth Borne.
Tous à vos marques, prêts ? Partez !
Meetings, tractages, interviews, clips de campagne… Pendant deux semaines, les candidats vont se démultiplier pour faire entendre leur voix et mobiliser leurs sympathisants dans cette campagne éclair des législatives. Ils ne peuvent plus compter sur la réserve parlementaire pour financer des projets locaux et acheter des voix. Seules leurs propositions, leur notoriété et leur présence sur le terrain feront la différence.
Les ténors et les chefs de parti comme Marine Le Pen, Éric Ciotti, Jean-Luc Mélenchon, Olivier Faure ou François Bayrou devraient être très présents dans les médias pour porter la contradiction. Objectif : sortir du lot et imposer leurs thèmes de prédilection dans le débat : pouvoir d’achat, immigration, sécurité, écologie, retraites…
« Cette campagne ressemble à un 100 mètres en apnée »
confie un candidat Renaissance.
À ce stade, trois hypothèses semblent possibles à l’issue du second tour le 7 juillet :
- Une victoire du RN allié à la droite « Ciottiste », qui obtiendrait une majorité pour gouverner
- Une poussée de la gauche et de la NUPES, sans obtenir de majorité et contrainte à une cohabitation avec Emmanuel Macron
- Un paysage morcelé, sans majorité claire, avec une forte progression du RN et un groupe Renaissance affaibli mais pivot
Il faudra aussi suivre de près les résultats dans certaines circonscriptions clés et symboliques, notamment celles des ministres et des ténors de chaque camp, ainsi que les duels fratricides.
Une chose est sûre : ces élections législatives 2024 s’annoncent passionnantes, incertaines et décisives pour l’avenir politique du pays. Avec un niveau d’imprévisibilité rarement atteint sous la Vème République. De quoi promettre un suspense haletant jusqu’au bout !