À deux jours du premier tour des élections législatives anticipées, la campagne entre dans sa dernière ligne droite sur fond de suspense quant à l’issue du scrutin. Même si les différentes forces politiques jettent toutes leurs forces dans la bataille pour tenter de convaincre les électeurs, le Rassemblement National de Marine Le Pen conserve son statut de grand favori, loin devant la majorité présidentielle d’Emmanuel Macron et la gauche unie derrière le Nouveau Front Populaire de Jean-Luc Mélenchon.
Le RN en position de force malgré les polémiques
Crédité de 29 à 31% des intentions de vote dans les derniers sondages, soit environ 10 points de plus que la majorité et 15 de plus que la gauche, le parti de Marine Le Pen semble en mesure de remporter une victoire historique dimanche. Une dynamique que les récentes polémiques, notamment sur le rôle du président comme “chef des armées” en cas de cohabitation, n’ont pas réussi à enrayer.
Jeudi, la candidate du RN avait en effet qualifié ce titre de purement “honorifique”, arguant que c’est le premier ministre qui “tient les cordons de la bourse”. Des propos vivement dénoncés par la majorité comme une “grave atteinte” à la Constitution et à l’équilibre des pouvoirs. Mais cette passe d’armes ne semble pas avoir entamé la confiance des électeurs tentés par un vote RN.
Macron et la gauche en difficulté
Face à la menace d’une poussée du Rassemblement National, la majorité et la gauche tentent tant bien que mal de mobiliser leur électorat. Avec environ 20% d’intentions de vote chacun, LREM-MoDem et le NFP sont au coude à coude mais très loin derrière le RN. Malgré les mises en garde contre une “cohabitation explosive”, leurs discours peinent à convaincre.
Le premier ministre Gabriel Attal a ainsi dénoncé le “danger pour la France” que représenterait une victoire de l’extrême droite, appelant au “sursaut républicain”. Mais beaucoup, y compris dans son propre camp, s’interrogent sur la stratégie à adopter en cas de duel RN-NFP au second tour dans de nombreuses circonscriptions.
Je veux alerter ma famille politique contre la tentation périlleuse du ‘ni RN ni LFI’.
Philippe Grangeon, ancien conseiller d’Emmanuel Macron
Une abstention record redoutée
L’autre grande inconnue du scrutin reste le niveau de participation. Après un record d’abstention de 52,5% aux législatives de 2022, les instituts de sondage prévoient une mobilisation encore plus faible cette année, autour de 45%. Un désintérêt des électeurs qui pourrait profiter au RN, dont l’électorat semble le plus déterminé à se rendre aux urnes.
Pour tenter d’endiguer cette démobilisation, les responsables politiques multiplient les appels à aller voter, mettant en avant l’importance de ce scrutin pour l’avenir du pays. Mais beaucoup craignent que cela ne suffise pas, dans un contexte de défiance généralisée envers la classe politique.
Vers une recomposition politique ?
Au-delà des résultats, ces élections législatives pourraient aussi accélérer la recomposition du paysage politique français. En cas de large victoire, le RN deviendrait la principale force d’opposition, marginalisant Les Républicains. À gauche, l’avenir de la NUPES et la question du leadership se poseront en cas de contre-performance.
Quant à la majorité présidentielle, une déroute pourrait fragiliser Emmanuel Macron et relancer les spéculations sur son avenir à long terme. Bref, ce scrutin promet d’être riche en enseignements et en conséquences pour les années à venir.