À moins de trois semaines des élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet, le Rassemblement National affiche clairement ses ambitions. Son président Jordan Bardella l’a annoncé sans détour : l’objectif est d’obtenir une majorité absolue à l’Assemblée nationale, sans quoi le parti d’extrême droite refusera d’aller à Matignon.
Une stratégie du tout ou rien pour le RN
Dans une interview accordée au Parisien, Jordan Bardella a mis les points sur les i. Pour lui, pas question d’envisager une cohabitation ou un rôle de « collaborateur du président de la République ». Le jeune leader du RN veut les coudées franches pour appliquer son programme :
Pour gouverner, j’ai besoin d’une majorité absolue.
– Jordan Bardella, président du Rassemblement National
Un pari osé alors que le parti ne dispose actuellement que de 88 députés sur les 577 que compte l’hémicycle. Mais les derniers sondages laissent entrevoir une possibilité d’atteindre cet objectif ambitieux. Selon les projections, le RN pourrait compter entre 300 et 310 élus au soir du second tour.
Marine Le Pen en retrait, Bardella aux manettes
Si Marine Le Pen reste la figure de proue du mouvement, c’est bien Jordan Bardella qui mène la danse pour ces législatives. Depuis sa prise de fonction à la tête du RN en novembre dernier, le trentenaire s’est imposé comme le nouveau visage du parti. Une passation de pouvoir en douceur, validée par la patronne du Rassemblement.
Mais en annonçant son intention de snober Matignon en cas de victoire relative, Bardella prend le risque de braquer une partie de l’électorat. Une posture intransigeante qui pourrait se retourner contre lui si les électeurs y voient une forme de chantage ou d’irresponsabilité politique.
Les lieutenants RN à la manœuvre sur le terrain
Pour tenter de convaincre les indécis et mobiliser ses troupes, le Rassemblement National s’appuie sur ses figures locales. Depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée, les cadres du parti sillonnent le pays pour défendre le projet RN. En Paca, en Occitanie ou dans les Hauts-de-France, les député sortants mouillent la chemise pour décrocher leur réélection et faire gagner de nouveaux sièges.
Avec un discours axé sur les thèmes identitaires et sécuritaires chers au RN, ils tentent de capter un électorat populaire séduit par la promesse d’un changement radical. Immigration, délinquance, pouvoir d’achat… Les candidats lepénistes misent sur des propositions chocs pour faire la différence dans les urnes.
Vers un séisme politique en cas de majorité RN ?
Si le pari de Jordan Bardella venait à être couronné de succès, cela constituerait un véritable tremblement de terre dans le paysage politique français. Jamais sous la Vème République un parti considéré comme extrémiste n’a obtenu une majorité absolue au Parlement. De quoi inquiéter certains observateurs qui redoutent une pratique du pouvoir autoritaire et xénophobe.
Mais le RN se veut rassurant et promet d’appliquer son programme de “priorité nationale” dans le respect des institutions. Reste à savoir si l’électorat sera sensible à ce discours et donnera au parti lepéniste les moyens de ses ambitions. Réponse dans les urnes les 30 juin et 7 juillet prochains.
