Les élections législatives françaises de 2024 ont livré leur verdict, avec des résultats qui bousculent le paysage politique hexagonal. Selon les premières estimations, le Rassemblement national (RN) arrive en tête avec 34% des voix, suivi du Nouveau Front populaire (NFP) qui récolte 29% des suffrages. La coalition présidentielle Ensemble ! doit se contenter de la troisième place avec seulement 21%.
Marine Le Pen réélue dès le premier tour, Roussel et Arnault éliminés
Sans surprise, la présidente du RN Marine Le Pen a été réélue dès le premier tour dans sa circonscription du Pas-de-Calais. Un succès personnel qui conforte son leadership à la tête du parti d’extrême-droite. À l’inverse, plusieurs figures politiques de premier plan ont mordu la poussière.
C’est le cas notamment du secrétaire national du PCF Fabien Roussel, éliminé dès le premier tour dans le Nord face à un candidat RN qui l’emporte avec 52% des voix. De même, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, candidat dans l’Eure sous l’étiquette Ensemble !, est lui aussi battu par son adversaire du Rassemblement national.
Un nouveau visage pour l’Assemblée nationale
Si les résultats définitifs devront attendre le second tour, une chose est sûre : l’Assemblée nationale va considérablement changer de visage. Avec plus d’un tiers des suffrages, le RN devrait obtenir son groupe parlementaire le plus important sous la Ve République. Une poussée qui se fait au détriment de la majorité présidentielle mais aussi de la NUPES, qui pâtit de ses divisions.
Le NFP tire en revanche son épingle du jeu en rassemblant les voix de la gauche radicale et des déçus du macronisme. Emmené par François Ruffin et Clémentine Autain, il s’impose comme la première force d’opposition avec un groupe d’une centaine de députés.
Vers une nouvelle cohabitation ?
Avec une Assemblée nationale morcelée, où aucun camp ne dispose de la majorité absolue, l’hypothèse d’une cohabitation refait surface. Emmanuel Macron devra composer avec des groupes politiques hostiles pour faire passer ses réformes. Un retour aux années Mitterrand que certains voient d’un mauvais œil, craignant un blocage des institutions.
« Le peuple a parlé, il faut maintenant en tirer les leçons »
a déclaré Marine Le Pen, savourant sa victoire.
Reste à savoir si les partis d’opposition parviendront à s’entendre pour proposer une alternative crédible. Le RN et le NFP, malgré leur hostilité commune au gouvernement, demeurent éloignés sur de nombreux sujets comme l’Europe, l’immigration ou les questions sociétales.
Et maintenant ?
Au lendemain de ce premier tour riche en surprises et en enseignements, plusieurs questions se posent :
- Quelle sera la composition exacte de la future Assemblée après le second tour ?
- Emmanuel Macron parviendra-t-il à constituer une majorité de circonstance pour gouverner ?
- Verra-t-on émerger un « front républicain » contre le RN ou chaque camp campera-t-il sur ses positions ?
Une chose est sûre, cette élection législative marque un tournant dans la vie politique française. Avec la montée des extrêmes et l’émiettement des partis traditionnels, c’est toute la Ve République qui vacille sur ses bases. Les prochaines semaines s’annoncent décisives pour l’avenir du pays.