Un véritable séisme politique s’est produit ce dimanche soir en Corse, à l’occasion du premier tour des élections législatives. Pour la première fois de son histoire, le Rassemblement National est parvenu à qualifier ses candidats pour le second tour dans les quatre circonscriptions de l’île.
Jusqu’à présent, malgré de bons scores à la présidentielle et aux européennes, jamais le parti de Marine Le Pen n’avait réussi une telle performance aux législatives sur l’île de Beauté. L’échiquier politique corse, déjà bousculé en 2017 par la vague nationaliste, se retrouve une nouvelle fois bouleversé.
Des scores records pour le RN
En Corse-du-Sud, la candidate RN Ariana Quarena Natali arrive en tête avec 31,2% des voix dans la première circonscription qui englobe Ajaccio, devant le député sortant Laurent Marcangeli (30,7%). Dans la deuxième circonscription, autre exploit pour le délégué régional du parti François Filoni (35,1%) qui devance le nationaliste Paul-André Colombani (26,4%).
En Haute-Corse, les candidats RN créent aussi la surprise, doublant leur score par rapport à 2022. Jean-Michel Marchal (28,8%) talonne le sortant Michel Castellani (31,7%) dans la première circonscription. Son homologue Sylvie Jouart (25,4%) accède au second tour dans une triangulaire avec le sortant Jean-Félix Acquaviva (28,6%) et François-Xavier Ceccoli (34%).
Une autonomie compromise ?
Cette poussée du Rassemblement National, fermement opposé à toute évolution statutaire, intervient alors que le projet d’autonomie pour la Corse est au point mort, percuté par la dissolution surprise de l’Assemblée Nationale. Un coup dur pour les élus nationalistes, qui avaient fait de cette réforme leur cheval de bataille.
Je suis très pessimiste pour la suite. Le RN aux portes du pouvoir, c’est la porte qui se ferme pour l’autonomie.
Un élu nationaliste
Vers un duel droite-extrême droite
Avec cette percée, le RN s’installe durablement dans le paysage. Il pourrait devenir le principal opposant à la droite traditionnelle menée par Laurent Marcangeli, au détriment des nationalistes. Le parti entend ainsi poursuivre son enracinement local entamé lors des européennes, où la liste de Jordan Bardella était arrivée largement en tête (40,7%).
Reste à voir si le RN parviendra à transformer l’essai au second tour, le 8 juillet prochain, pour décrocher son premier député sur l’île. Les tractations et les alliances de l’entre-deux tours s’annoncent en tout cas déterminantes pour l’avenir politique de la Corse.