Dans un contexte de migrations internationales accrues, l’école française fait face à un nouveau défi : accueillir et intégrer un nombre croissant d’élèves allophones, c’est-à-dire ne maîtrisant pas la langue française. Avec plus de 89 000 enfants concernés pour l’année scolaire 2022-2023, les dispositifs d’accompagnement se multiplient pour favoriser leur inclusion linguistique et culturelle. Zoom sur une réalité éducative en pleine mutation.
Les UPE2A, des classes passerelles vers l’intégration
Pour répondre aux besoins spécifiques des élèves allophones, l’Éducation nationale a mis en place les Unités Pédagogiques pour Élèves Allophones Arrivants (UPE2A). Ces classes d’initiation au français accueillent des enfants de 6 à 18 ans, pour une durée variable selon leur progression. L’objectif : leur permettre d’acquérir les bases linguistiques nécessaires pour suivre une scolarité ordinaire.
Au-delà de l’apprentissage de la langue, les UPE2A jouent un rôle crucial dans l’intégration sociale et culturelle de ces jeunes. Comme le montre la bande dessinée « Les Nouveaux Venus » d’Aurélie Castex, qui retrace le quotidien d’une de ces classes parisiennes, la diversité est au rendez-vous : différentes nationalités, milieux sociaux et parcours de vie se côtoient sur les bancs de l’école.
Une pédagogie adaptée aux profils variés
Face à cette hétérogénéité, les enseignants d’UPE2A doivent faire preuve d’adaptation et de créativité pédagogique. Il s’agit de tenir compte des niveaux linguistiques disparates, mais aussi des différences culturelles qui peuvent influencer le rapport à l’école. Certains élèves n’ont jamais été scolarisés dans leur pays d’origine, quand d’autres cumulent les activités extra-scolaires, témoignant de fortes attentes parentales.
L’enseignante doit non seulement préparer les élèves au DELF, un diplôme de langue française, mais aussi les sensibiliser à la laïcité, tout en tenant compte de la situation sociale parfois précaire de leur famille.
Au programme : des cours de français intensifs, mais aussi une initiation aux valeurs de la République, comme la laïcité. Un équilibre délicat à trouver entre respect des identités et adhésion à un socle commun.
Au-delà des murs de l’école
L’intégration des élèves allophones ne s’arrête pas à la porte de la classe. Elle implique une collaboration étroite avec les familles, parfois elles-mêmes en situation de précarité. Lorsqu’un enfant n’est pas récupéré le soir, cela peut signifier l’arrestation de parents sans-papiers. Un suivi social est donc indispensable pour sécuriser le parcours de ces jeunes.
L’école se fait aussi le relais de certaines incompréhensions culturelles. Convaincre un père réticent que la danse n’a rien de dégradant pour son fils, expliquer l’existence de l’homme préhistorique à une famille créationniste… Autant de défis qui incombent aux équipes éducatives, dans un dialogue constant.
Vers une école inclusive et multiculturelle
Au-delà des difficultés, l’intégration des élèves allophones est aussi une formidable opportunité d’ouverture pour l’école française. Apprendre à conjuguer les différences, s’enrichir de la diversité linguistique et culturelle, construire un vivre-ensemble harmonieux… Tels sont les enjeux d’une éducation résolument tournée vers l’inclusion.
Des initiatives fleurissent en ce sens, comme les projets d’éducation interculturelle ou les partenariats avec des associations de médiation. L’objectif : faire de la diversité un levier de réussite éducative et de cohésion sociale. Car c’est en cultivant le dialogue et la compréhension mutuelle dès le plus jeune âge que nous bâtirons la société inclusive de demain.
La réussite de l’intégration des élèves allophones est l’affaire de tous : école, familles, acteurs associatifs… C’est en unissant nos forces que nous réussirons ce pari de la fraternité.