Un an après le meurtre tragique de Thomas Perotto, 19 ans, dans le village de Crépol, les tensions restent vives à Romans-sur-Isère. Alors que la préfecture de la Drôme avait initialement interdit les rassemblements commémoratifs prévus ce samedi 30 novembre, craignant des troubles à l’ordre public, le tribunal administratif de Grenoble vient de lever cette interdiction. Une décision saluée par les différents collectifs mobilisés.
Des rassemblements sous haute tension
Depuis plusieurs semaines, la mort tragique de Thomas Perotto fait l’objet d’une intense récupération politique. D’un côté, le groupuscule d’extrême droite « Justice pour les nôtres » appelle à un rassemblement en sa mémoire. De l’autre, des associations de gauche se mobilisent pour « résister contre la récupération raciste ». Face à ces appels contradictoires, la préfecture redoutait de violents affrontements idéologiques.
Cette récupération fait l’objet depuis plusieurs semaines de nombreux tractages, courriers et déclarations publiques laissant craindre des troubles importants et des affrontements idéologiques à Romans-sur-Isère, Bourg-de-Péage, Crépol et Valence.
– Communiqué de la préfecture de la Drôme, 25 novembre
Face à ces risques, le préfet avait pris un arrêté interdisant purement et simplement toutes les manifestations prévues ce samedi. Une décision immédiatement contestée par les différents collectifs, qui ont déposé des référés-libertés en urgence.
Le tribunal administratif autorise les rassemblements
Ce vendredi, le tribunal administratif de Grenoble a finalement donné raison aux associations, estimant que le préfet n’avait pas apporté suffisamment d’éléments prouvant qu’il ne disposait pas des forces de l’ordre nécessaires pour encadrer les rassemblements. Les manifestations pourront donc bien avoir lieu, sous haute surveillance policière.
Du côté de « Justice pour les nôtres », on se félicite de cette décision sur les réseaux sociaux, y voyant « une victoire pour la liberté d’expression et contre la bien-pensance ». Les associations de gauche, elles, promettent une mobilisation massive pour ne pas laisser « les fachos récupérer cette tragédie ».
Un drame qui continue de diviser
Plus d’un an après les faits, l’émotion reste forte autour de la mort de Thomas Perotto. Ce jeune homme de 19 ans avait été tué de plusieurs coups de couteau, pour un motif futile, par un autre homme lors d’une rixe en pleine rue à Crépol.
Très vite, l’affaire avait pris une tournure politique, le meurtrier présumé étant d’origine étrangère. L’extrême droite y a vu le symbole du « grand remplacement » et de « l’ensauvagement » de la société. Des thèses fermement rejetées par la gauche et les associations antiracistes, qui dénoncent une « ignoble récupération ».
Au cœur de ce débat, la famille de Thomas peine à faire son deuil. « On veut juste que notre fils repose en paix, loin de toute cette agitation », confiait sa mère récemment au Dauphiné Libéré. Malgré l’épreuve, elle assure « croire en la justice » et espérer que le procès du meurtrier présumé, qui doit avoir lieu l’an prochain, permettra enfin de tourner la page.
En attendant, toute la ville se prépare à une journée sous tension ce samedi. Entre recueillement, colère et craintes de dérapages, les rassemblements en mémoire de Thomas promettent d’être scrutés de près, bien au-delà de Romans-sur-Isère. Plus d’un an après, l’onde de choc de ce fait divers tragique est loin d’être retombée.