Au cœur de la Palestine, un savoir-faire ancestral se perpétue de génération en génération : la fabrication artisanale du savon d’olive de Naplouse. Récemment, cet artisanat vieux de plus de mille ans a été reconnu par l’Unesco et inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Une consécration pour ce trésor du patrimoine palestinien, mais aussi un espoir de le voir perdurer malgré un contexte difficile.
Des secrets transmis de mère en fille
C’est dans le village de Salem, près de Naplouse en Cisjordanie, qu’Oum Al-Abed perpétue cet artisanat millénaire. Initiée il y a plusieurs décennies par une parente éloignée, elle a à son tour transmis son savoir-faire à d’autres femmes de sa communauté. Une tradition qui se transmet de mère en fille depuis des générations.
La recette du savon de Naplouse est d’une grande simplicité, mais demande un tour de main bien particulier. Seuls trois ingrédients entrent dans sa composition : de l’huile d’olive, de l’eau et de la soude. Le secret réside dans la cuisson, le malaxage patient de la pâte et le séchage au grand air. Un processus entièrement manuel et artisanal.
L’huile d’olive, l’or de Palestine
L’huile d’olive est un ingrédient essentiel du savon de Naplouse. Comme le souligne l’Unesco, son utilisation reflète « le lien étroit que la population palestinienne entretient avec sa terre ». Les oliveraies font partie intégrante du paysage et de l’identité de la Palestine. Chaque automne, c’est toute la communauté qui se mobilise pour les récoltes.
Cette huile d’olive, réputée pour sa grande qualité, est la base du savon de Naplouse depuis des siècles. Sa fabrication a traversé les époques, de l’ère ottomane à aujourd’hui, et a su s’adapter tout en conservant son caractère traditionnel et familial.
Une tradition menacée
Malgré sa longévité et son importance culturelle, le savon de Naplouse est aujourd’hui menacé. Comme l’explique Naël Qoubbaj, directeur de l’une des dernières fabriques de la ville, l’occupation israélienne « s’efforce de détruire ces industries traditionnelles » palestiniennes.
Nous voyons la reconnaissance par l’Unesco comme un moyen de préserver ce patrimoine et cet artisanat face à l’adversité.
Naël Qoubbaj, fabriquant de savon à Naplouse
Une situation qui rend d’autant plus cruciale la transmission de ce savoir-faire ancestral aux jeunes générations, dans les villages comme dans les villes palestiniennes. De Naplouse à Gaza, en passant par Hébron ou Ramallah, les artisans du savon perpétuent cet héritage culturel avec passion et détermination.
Un patrimoine vivant à préserver
Avec son inscription au patrimoine immatériel de l’Unesco, le savon de Naplouse bénéficie désormais d’une reconnaissance internationale. Une valorisation importante aux yeux des Palestiniens, qui y voient un moyen de protéger cet artisanat face aux menaces qui pèsent sur lui.
Mais au-delà d’être un patrimoine à sauvegarder, le savon de Naplouse est avant tout un savoir-faire vivant et ancré dans le quotidien. Comme le rappelle l’Unesco, « la plupart des familles palestiniennes partagent cette tradition ». Hommes, femmes et enfants participent à toutes les étapes de sa production, de la cueillette des olives à l’emballage des précieux pavés odorants.
Acheter un savon de Naplouse, c’est donc bien plus que se procurer un simple produit cosmétique. C’est soutenir toute une filière locale, perpétuer un patrimoine culturel millénaire, et honorer le travail de ces artisans qui maintiennent ce savoir-faire envers et contre tout. Un geste significatif et solidaire.