L’influence militaire française en Afrique connaît un déclin notable ces derniers temps. Après une série d’annonces chocs de pays africains souhaitant revoir leurs accords de défense avec Paris, c’est au tour du Sénégal et du Tchad de signifier leur volonté d’infléchir leur coopération militaire avec l’ancienne puissance coloniale. Ces développements s’inscrivent dans un contexte plus large de retrait global des forces françaises d’Afrique de l’Ouest et centrale.
Une Vague de Demandes de Retrait
Avant les annonces du Sénégal et du Tchad, quatre autres pays, tous d’anciennes colonies françaises, avaient déjà demandé à Paris de retirer ses troupes de leurs territoires où l’armée française était historiquement implantée :
Le Niger
En septembre 2023, après un bras de fer de deux mois avec le régime militaire nigérien, le président Emmanuel Macron a annoncé le retrait d’ici fin 2023 des 1 500 militaires français basés au Niger. Les derniers soldats ont quitté le pays en décembre, un départ célébré par des milliers de Nigériens.
Le Mali
Accueillis en sauveurs face aux jihadistes en 2013, les 2 400 militaires français ont achevé leur retrait du Mali le 15 août 2022, sur fond de relations dégradées avec la junte au pouvoir et d’hostilité grandissante dans l’opinion publique. Bamako s’est depuis tourné militairement et politiquement vers la Russie.
La Centrafrique
Le 15 décembre 2022, les 47 derniers militaires français ont quitté la Centrafrique, au terme d’un retrait décidé en juin 2021 face au rôle croissant des paramilitaires russes de Wagner. Paris a accusé Bangui d’être « complice » d’une campagne antifrançaise pilotée par la Russie.
Le Burkina Faso
En janvier 2023, le Burkina Faso a à son tour demandé le départ des près de 400 forces spéciales françaises présentes. Le contingent a plié bagage en février. Ouagadougou a également engagé un rapprochement avec Moscou.
Derniers Bastions et Réduction des Effectifs
Avec les récentes annonces du Sénégal et du Tchad, la France perd ses derniers points d’ancrage majeurs au Sahel. Paris avait déjà prévu de réduire nettement ses effectifs dans ces pays dans le cadre de partenariats « rénovés » et plus discrets.
Ainsi, la présence militaire française est en train de diminuer en Côte d’Ivoire, au Gabon et donc au Sénégal, avec pour seul point d’appui durable la base stratégique de Djibouti qui accueille 1 500 militaires.
Ces développements marquent un tournant historique dans les relations entre la France et ses anciennes colonies en Afrique.
Souligne un expert des questions de défense
Un Nouveau Chapitre dans les Relations France-Afrique
Ce retrait généralisé soulève de nombreuses questions quant à l’avenir de la stabilité et de la sécurité dans ces régions. Certains pays, comme le Mali et la Centrafrique, se sont déjà tournés vers d’autres partenaires tels que la Russie.
La France, de son côté, entend redéfinir sa stratégie africaine autour de partenariats plus équilibrés et d’un soutien accru au développement économique et social. Mais dans un contexte de défiance croissante envers l’ancienne puissance coloniale, la tâche s’annonce ardue.
Alors que le paysage sécuritaire et géopolitique de l’Afrique de l’Ouest et centrale est en pleine reconfiguration, il reste à voir si ce retrait français marquera le début d’une nouvelle ère d’indépendance et de stabilité pour ces pays, ou au contraire, ouvrira la voie à de nouvelles incertitudes.
Cette page qui se tourne est l’occasion pour l’Afrique et la France de réinventer leur relation sur des bases plus saines et équilibrées, tournées vers l’avenir.
Conclut un diplomate ouest-africain
Une chose est sûre : l’évolution des événements dans cette région du monde sera scrutée de près par la communauté internationale dans les mois et années à venir. Car au-delà des enjeux bilatéraux, c’est toute l’architecture sécuritaire et le développement de l’Afrique de l’Ouest et centrale qui sont en jeu.