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Le Redémarrage Incertain de la Mine d’Uranium d’Orano au Niger

Le groupe nucléaire français Orano s'interroge sur une éventuelle reprise de sa mine d'uranium au Niger, à l'arrêt depuis un bras de fer avec la junte militaire. Un "drame humain et financier" selon le directeur général. Découvrez les enjeux de ce conflit aux lourdes conséquences...

Le géant français du nucléaire Orano exprime ses doutes quant à une reprise rapide des activités de sa mine d’uranium nigérienne, exploitée par sa filiale Somaïr. Le site est actuellement à l’arrêt en raison d’un bras de fer engagé avec la junte militaire au pouvoir dans le pays. Une situation qui plonge l’avenir de ce gisement stratégique dans l’incertitude.

Perte de contrôle et réserves bloquées

Fin 2024, Orano a dû acter la perte du contrôle opérationnel de ses trois filiales minières au Niger – Somaïr, Cominak et Imouraren – détenues respectivement à 63,5%, 69% et 63,5%. Le groupe a donc été contraint de les sortir de ses comptes à compter du 1er décembre. En cause : « l’ingérence des autorités nigériennes dans la gouvernance et le contrôle des opérations », a souligné la direction lors de la présentation des résultats annuels.

Aujourd’hui, seul le site de la Somaïr, qui regroupe une mine et une usine de production de concentré d’uranium, était encore en activité après la fermeture en 2021 de la Compagnie des mines d’Akokan (Cominak). Mais il se retrouve désormais « virtuellement en faillite », a déploré le directeur général d’Orano Nicolas Maes. La raison : environ 1 300 tonnes de concentré d’uranium, d’une valeur marchande de 250 millions d’euros, sont bloquées sur place. « Les autorités ne l’autorisent pas à être expédiée et exportée », a-t-il précisé.

Un redémarrage qui s’annonce « très long »

Privée de revenus, la Somaïr n’est plus en mesure de redémarrer l’activité ni de payer ses quelques 780 collaborateurs et fournisseurs. Si les conditions venaient à s’améliorer, Nicolas Maes estime néanmoins que la reprise sera « très longue » et pourrait nécessiter « presque deux ans », alors même que le site dispose encore d’une vingtaine d’années de réserves.

Il n’y a aucun canal de communication avec les autorités depuis le coup d’État militaire en juillet 2023, un refus systématique de dialogue.

Nicolas Maes, directeur général d’Orano

Un « drame humain et financier » sur fond de bras de fer

Le dirigeant déplore un « drame humain et financier » dans un contexte de relations tendues avec le régime militaire nigérien, qui a fait de la souveraineté sur les ressources un de ses mantras. En juin dernier, les autorités ont retiré à Orano le permis d’exploitation du méga gisement d’Imouraren. Elles souhaitent revoir en profondeur le système d’exploitation des matières premières par les compagnies étrangères.

Cette crise illustre les défis auxquels sont confrontés les groupes miniers internationaux dans un Niger sous pression, tiraillé entre la volonté de mieux valoriser ses immenses ressources en uranium et la nécessité de maintenir les investissements étrangers. L’issue de ce bras de fer et le sort des mines d’Orano restent en suspens, lourds de conséquences économiques et sociales pour le pays et les populations locales qui en dépendent.

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