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Le Rassemblement National s’éloigne de la majorité absolue

Nouveau rebondissement à 3 jours du second tour des législatives : le RN s'éloigne de la majorité absolue tandis que la gauche et la coalition présidentielle reprennent des couleurs. Découvrez les dernières projections en sièges qui annoncent une Assemblée explosive.

À trois jours du second tour des élections législatives, un vent nouveau souffle sur les projections en sièges. Alors que le Rassemblement National semblait en mesure de décrocher une majorité absolue à l’Assemblée au soir du premier tour, il voit ses espoirs s’amenuiser face à la résistance de la gauche et au réveil du bloc présidentiel. Un nouveau rebondissement qui promet une chambre aux équilibres inédits.

Le reflux du RN, surprise des derniers jours de campagne

Porté par sa victoire aux Européennes et une campagne axée sur le pouvoir d’achat, le Rassemblement National a dominé le premier tour, devançant l’union de la gauche et reléguant la majorité sortante à une décevante troisième place. Une dynamique qui semblait lui ouvrir les portes du Palais Bourbon. Mais à mesure que le second tour approche, l’étau se resserre sur le parti de Jordan Bardella.

Selon la dernière enquête quotidienne Ifop-Fiducial, la formation lepéniste obtiendrait entre 195 et 230 sièges, loin de la barre des 289 requis pour gouverner seule. « La mobilisation dans le camp de la “gauche populaire” et un vote utile anti-RN dans certaines circonscriptions clés expliquent ce recul », analyse Bernard Sananès, président de l’institut Elabe.

La gauche résiste et gagne du terrain

Loin de s’effondrer comme en 2017, la NUPES tire son épingle du jeu et pourrait capitaliser sur sa dynamique du premier tour. La coalition menée par Jean-Luc Mélenchon est créditée de 160 à 190 députés, lui assurant le rôle de premier opposant. Dans le détail, LFI-PS ravirait entre 115 et 135 sièges, EELV 20 à 30, et le PCF 12 à 18.

L’espoir d’une cohabitation rouge vif s’est envolé, mais la NUPES s’impose comme un contrepoids majeur face au RN et à Macron.

– Un cadre LFI

Renaissance et ses alliés limitent la casse

Donnée un temps à moins de 100 sièges, la coalition présidentielle devrait finalement sauver les meubles en en décrochant entre 115 et 140, s’évitant une déculottée historique. Un résultat en trompe-l’œil permis par les candidatures dissidentes de la majorité, qui captent une partie de l’électorat macroniste déçu.

Pour autant, « Emmanuel Macron devra composer avec une Assemblée morcelée et des oppositions revigorées, au risque de l’impuissance », prévient le politologue Pascal Perrineau. Un défi de taille à l’orée d’un second mandat déjà mal engagé.

Quelle combinaison pour une Assemblée ingouvernable ?

Sauf coup de théâtre, aucune force ne devrait décrocher la majorité absolue dimanche. Ouvrant la voie à d’intenses tractations post-électorales. Le RN, en pole position, aura la main pour tenter de former une coalition. Mais la perspective d’une alliance avec les Républicains (crédités de 45-60 sièges), voire avec des dissidents Renaissance, semble bien mince.

  • Un gouvernement minoritaire RN dépendant de la bienveillance de LR ?
  • Une alliance improbable NUPES-Renaissance sur une ligne euroréformiste ?
  • Un pacte de non-agression entre forces du « cordon sanitaire » ?

De multiples scénarios, tous plus instables les uns que les autres. « La Ve République n’a jamais connu pareil bouleversement politique. Sans majorité claire, le spectre de la paralysie plane. Il faudra réinventer les équilibres du régime à la rentrée », alerte le constitutionnaliste Jean-Philippe Derosier.

Des électeurs plus mobilisés que jamais

Paradoxalement, c’est peut-être l’incertitude du scrutin qui en garantit le suspense et mobilise les Français. La participation est estimée en hausse de 1,3 point à 68% par rapport au 1er tour. De quoi renforcer la légitimité des futurs élus.

Ces législatives font figure de référendum pour ou contre le RN et LFI. Cela pousse les électeurs à se déplacer massivement.

– Brice Teinturier, directeur d’Ipsos

Si les Français ont boudé les urnes en 2017 (48% d’abstention), cette année exceptionnelle à bien des égards pourrait marquer le retour en grâce des législatives. Un intérêt inédit pour un scrutin généralement délaissé.

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