L’attribution des présidences de groupes d’amitié à l’Assemblée Nationale ne se fait pas sans remous, en particulier lorsque le Rassemblement National est concerné. Le parti de Marine Le Pen vient en effet d’obtenir la présidence de plusieurs groupes convoités, dont celui très symbolique du France-Maroc, suscitant la polémique.
Une méthode controversée pour des enjeux symboliques
Faute d’accord trouvé entre les groupes politiques sur une vingtaine de pays disputés, une méthode dite « du tourniquet » a été employée. Chaque groupe, par ordre d’importance, a pu choisir à tour de rôle un des pays en jeu. Le RN étant le premier à choisir, il a pu obtenir des présidences à fort enjeu symbolique.
Selon des sources proches du parti, le Maroc était une priorité pour le RN qui le considère comme « un grand pays de diplomatie et de développement économique » et « un acteur important dans la lutte contre l’immigration ». L’entourage de Marine Le Pen estime qu’obtenir cette présidence envoie « un signal fort ».
Autres groupes obtenus par le RN
Outre le France-Maroc, le Rassemblement National présidera également les groupes d’amitié :
- France-Italie
- France-Royaume-Uni (négocié avant le « tourniquet »)
Des réactions mitigées dans les autres groupes
Du côté des autres partis, les réactions sont partagées quant à cette méthode d’attribution et ses résultats. Les écologistes, qui ont obtenu la présidence France-Turquie (également convoitée par le RN), dénoncent un résultat « très déséquilibré » en faveur des plus gros groupes.
Le groupe macroniste Ensemble pour la République (EPR) et La France Insoumise (LFI) avaient les mêmes priorités (Liban, Sénégal, États-Unis). EPR a finalement obtenu les États-Unis, Israël et l’Espagne. LFI présidera le Sénégal, le Liban et le Mexique.
Cela aurait été mieux si nous avions abouti à un consensus, mais ce n’était pas possible.
Bastien Lachaud, député LFI
Des décisions qui restent à confirmer
Si ces attributions font déjà couler beaucoup d’encre, elles doivent encore être formellement actées lors d’un bureau de l’Assemblée Nationale prévu la semaine prochaine. La polémique autour des présidences obtenues par le RN, et en particulier celle du France-Maroc, ne semble en tout cas pas prête de retomber. Elle illustre les tensions persistantes autour de la place accordée au parti de Marine Le Pen dans le jeu parlementaire.
Reste à voir si ces présidences permettront au Rassemblement National de peser réellement sur les relations diplomatiques de la France, au-delà de leur portée symbolique. Une chose est sûre, le parti ne manquera pas de s’en prévaloir dans les débats à venir sur la politique étrangère et migratoire de la France.