Avignon retient son souffle en ce jeudi matin, dans l’attente du verdict du procès historique des viols de Mazan. Devant le palais de justice, une banderole flotte : « Merci Gisèle ». Un message qui résume la gratitude d’une foule de femmes et d’hommes envers celle qui a voulu « que la honte change de camp ».
Une Mobilisation Féministe Sans Précédent
Depuis le début de ce procès il y a près de quatre mois, les murs d’Avignon se sont recouverts de collages militant contre les violences sexuelles et pour les droits des femmes, à l’initiative du collectif Amazones d’Avignon. Un élan de soutien symbolisé par les derniers messages affichés : « Justice pour toutes », « La honte a changé de camp, et la justice ? », et le plus imposant, « Merci ».
Car ce procès hors norme, qui juge 51 hommes pour viols aggravés sur une seule et même victime, Gisèle Pelicot, fait résonner plus que jamais les ravages des violences conjugales. Pendant une décennie, le mari de Gisèle, Dominique Pelicot, l’a droguée pour la violer et la faire violer à leur domicile par des dizaines d’inconnus recrutés sur internet.
Gisèle Pelicot, une Icône Féministe
En renonçant au huis clos auquel elle avait droit en tant que victime, et en faisant face publiquement à ses agresseurs présumés, Gisèle Pelicot, 72 ans, est devenue malgré elle un symbole de la lutte contre les violences faites aux femmes. Un courage salué par de nombreuses personnes présentes chaque jour au procès pour l’applaudir.
Merci à elle, parce que pour beaucoup de femmes victimes de viols, la honte a maintenant changé de camp.
– Pascale Plattard, ingénieure informatique
Un Procès pour Faire Évoluer les Mentalités
Au-delà des lourdes peines encourues par les 51 accusés, âgés de 27 à 74 ans et issus de tous milieux sociaux, c’est surtout l’impact de ce procès sur les mentalités qui est attendu. Nombreux sont ceux qui espèrent qu’il permettra d’ouvrir plus largement la discussion sur le consentement et le respect mutuel dans la sexualité.
Je suis impressionnée par le courage qu’a eu cette femme, qui avait subi tout ça pendant dix ans, de se montrer au grand jour. La honte doit reposer sur les agresseurs.
– Bernadette Teyssonières, retraitée
Si l’impact de ce procès sera sans doute plus fort que son verdict, déjà la parole se libère et le tabou se lève autour des viols conjugaux. Gisèle Pelicot, par son courage, a montré la voie. Une voie douloureuse mais nécessaire vers plus de justice pour les femmes victimes de violences sexuelles.