Malgré l’émotion suscitée par l’affaire des viols de Mazan, les avocats de la défense ont choisi une ligne audacieuse lors de leurs plaidoiries : plaider l’acquittement pour leurs clients accusés d’avoir violé Gisèle Pelicot après qu’elle ait été droguée par son mari. Une stratégie osée face à des vidéos a priori accablantes.
La Défense Ose « Le Mot Tabou » : Acquittement
Mercredi, lors de son réquisitoire, Me Louis-Alain Lemaire, avocat de quatre des accusés, a martelé ce qu’il a lui-même qualifié de « mot tabou » dans ce procès ultra-médiatisé : l’acquittement. Selon lui, les réquisitions du ministère public seraient « déraisonnables, incohérentes et surtout injustes ».
J’ose le mot tabou : acquittement.
Me Louis-Alain Lemaire, avocat de la défense
Me Lemaire estime que ses clients ont pu être manipulés par Dominique Pelicot, le mari de la victime, qu’il qualifie de « génie de la manipulation ». Selon l’avocat, en l’absence « d’intention criminelle », la cour devra prononcer leur acquittement.
L’Acquittement Plaidé Malgré Les Vidéos
Cette ligne de défense est également suivie par d’autres avocats, comme Me Caroline Beveraggi qui défend Patrice N., contre qui 12 ans de réclusion ont été requis. Elle estime que son client était « à mille lieues d’imaginer être en présence du plus grand pervers de la décennie » et de concevoir que Gisèle Pelicot était droguée.
Pourtant, les vidéos retrouvées chez le couple Pelicot semblent accablantes, montrant des hommes abusant sexuellement de Gisèle Pelicot inanimée. Mais pour la défense, ces images ne prouvent pas que les accusés avaient conscience de participer à un viol.
La « Folie d’Un Seul Homme » En Question
Me Beveraggi va jusqu’à affirmer que « la contrainte, elle n’est pas du fait [de son client], il l’ignorait totalement. Ce procès n’a rien à faire dans l’histoire. C’est la folie d’un seul homme. » Une thèse remettant en cause l’implication et la responsabilité des accusés dans ce dossier sordide.
Depuis le début des plaidoiries, les avocats de 28 accusés ont réclamé l’acquittement, pour seulement 15 ayant plaidé coupable. Un chiffre révélateur des enjeux de ce procès où la parole des accusés s’oppose frontalement à celle de Dominique Pelicot qui assure que tous savaient ce qu’il faisait subir à son épouse.
Un Procès Sous Haute Tension
L’affaire suscite une vive émotion dans l’opinion publique depuis la révélation des faits fin 2020. Des manifestations ont eu lieu devant le palais de justice d’Avignon, certains réclamant « 20 ans pour tous » les accusés. Un climat tendu que la défense n’a pas manqué de souligner.
J’aurais vivement souhaité un procès à huis clos, pour que les débats n’aient pas été pollués par la « vox populi ».
Me Louis-Alain Lemaire
Les plaidoiries de la défense doivent s’achever vendredi alors que le verdict est attendu aux alentours du 20 décembre. D’ici là, les avocats vont continuer de tenter de semer le doute dans l’esprit des juges, martelant le manque de preuves quant à l’intention criminelle malgré les vidéos glaçantes.
Gisèle Pelicot Sera-t-elle Entendue ?
En face, Gisèle Pelicot, qui s’est constituée partie civile, réclame justice. Son calvaire, subi durant plus de 10 ans à son insu, a profondément bouleversé l’opinion. Dominique Pelicot a reconnu avoir administré des substances à son épouse pour abuser d’elle avec d’autres hommes, tout en assurant que ces derniers étaient au courant.
Reste à savoir si les arguments de la défense parviendront à instiller un doute « raisonnable » et à contrer un dossier d’accusation étayé par les déclarations de Dominique Pelicot et de glaçantes vidéos. L’acquittement, tabou ultime de ce procès, sera-t-il prononcé malgré le lourd passif des accusés et l’onde de choc de cette affaire dans la société ? Réponse d’ici quelques semaines.