Après 10 semaines d’un procès éprouvant, Gisèle Pelicot a pris la parole une ultime fois ce mardi 19 novembre au tribunal d’Avignon. Victime de viols à répétition pendant une décennie, droguée à son insu par celui qui était alors son mari, la septuagénaire affrontait pour la dernière fois le box des accusés où se tenaient plus de 50 hommes ayant abusé d’elle.
D’une voix lasse mais déterminée, Mme Pelicot a dénoncé ce qu’elle considère comme le procès de la lâcheté. “Certains accusés reconnaissent le viol, mais j’ai eu beaucoup de mal à entendre que, finalement, c’était d’une grande banalité de violer Gisèle Pelicot”, a-t-elle déclaré, des sanglots dans la voix. “Comment peut-on sortir de cette chambre, après avoir vu ce corps inerte, et ne pas aller voir la police ?”.
Une victime sous emprise ?
Face aux questions insistantes d’une des avocates de la défense sur une éventuelle manipulation de son ex-époux, Mme Pelicot s’est agacée : “Vous pensez sincèrement que je serais restée avec un homme pendant 50 ans si j’avais été manipulée tous les jours ?”. Un échange qui illustre la difficulté pour les victimes de faire comprendre les mécanismes d’emprise, surtout après des décennies de vie commune.
Dernier témoignage d’un dossier hors norme
Le témoignage de Gisèle Pelicot marque presque la fin de ce procès fleuve, entamé il y a plus de 2 mois. Un dossier sans précédent par son ampleur : plus de 50 hommes dans le box des accusés, suspectés d’avoir violé à de multiples reprises, chez elle et parfois dans des clubs échangistes, cette femme alors droguée à son insu par des puissants sédatifs administrés par son mari.
C’est le procès de la soumission chimique et de la perversité d’un homme qui a fait de sa femme un objet sexuel pendant une décennie.
Une source proche du dossier
Un procès pour faire évoluer les mentalités
Au-delà de la sidération face aux faits jugés, ce procès aura été l’occasion pour les parties civiles et les associations féministes de dénoncer le silence coupable qui entoure encore trop souvent les violences sexuelles. La peur de ne pas être cru, la honte, la culpabilité sont autant de freins à la libération de la parole des victimes.
Gisèle Pelicot l’a martelé une dernière fois à la barre : “Il est temps que cette société machiste, patriarcale, change. Qu’on change le regard sur les viols”. Un cri du cœur, témoin d’un combat qui est loin d’être terminé. Le verdict est attendu dans les prochains jours.