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Le Président du Sri Lanka en Visite Officielle en Inde

Le nouveau Président du Sri Lanka entame sa première visite à l'étranger en se rendant en Inde, un allié traditionnel et stratégique. Cette rencontre au sommet vise à renforcer la coopération bilatérale dans un contexte géopolitique complexe. Quels enjeux pour les deux pays ?

Le nouveau Président du Sri Lanka, Anura Kumara Dissanayake, a choisi l’Inde pour sa toute première visite officielle à l’étranger depuis son élection en septembre dernier. Cette rencontre au sommet avec le Premier ministre indien Narendra Modi s’inscrit dans une tradition diplomatique bien établie entre les deux pays voisins, mais revêt une importance particulière dans le contexte géopolitique actuel.

Un allié traditionnel et stratégique

Situé au cœur de l’océan Indien, le Sri Lanka occupe une position stratégique qui suscite l’intérêt des grandes puissances régionales et mondiales. L’Inde, qui entretient des liens historiques, culturels et économiques étroits avec son voisin insulaire, considère le Sri Lanka comme faisant partie de sa sphère d’influence naturelle.

Les dirigeants sri lankais ont ainsi pour coutume de réserver leur première visite officielle à l’Inde, un geste symbolique fort qui témoigne de l’importance accordée à cette relation bilatérale. Au cours de son séjour de trois jours, Anura Kumara Dissanayake s’entretiendra avec Narendra Modi et de hauts responsables indiens pour discuter de différents sujets d’intérêt commun.

Coopération économique et projets d’infrastructure

L’un des principaux enjeux de cette visite concerne la coopération économique entre les deux pays. L’Inde a intensifié ces dernières années ses investissements dans des projets d’infrastructure au Sri Lanka, cherchant à contrebalancer l’influence croissante de la Chine dans la région.

Pékin est en effet devenu le premier bailleur de fonds du Sri Lanka, accordant des prêts importants pour financer de grands projets d’infrastructure. Cette dette envers la Chine a cependant mis en difficulté les finances du pays, qui s’est retrouvé en défaut de paiement en 2022 faute de réserves en devises étrangères suffisantes.

La Chine représente plus de la moitié de la dette bilatérale du Sri Lanka, soit 13,8 milliards de dollars au moment du défaut de paiement. L’Inde arrive en troisième position avec 12% de la dette, derrière le Japon avec 19,5%.

D’après une source proche du dossier

Dans ce contexte, l’Inde cherche à proposer une alternative au Sri Lanka en s’engageant dans des projets de développement économique et d’amélioration des infrastructures. La visite du Président Dissanayake sera l’occasion de faire le point sur l’avancement de ces projets et d’explorer de nouvelles pistes de coopération.

Enjeux géostratégiques et sécuritaires

Au-delà des considérations économiques, l’Inde s’inquiète de l’influence grandissante de la Chine dans son voisinage immédiat et de ses possibles implications en termes de sécurité. Le rapprochement sino-sri lankais ces dernières années, matérialisé par d’importants investissements chinois dans des infrastructures portuaires et aéroportuaires, suscite des craintes à New Delhi.

L’Inde redoute notamment que ces installations ne servent à terme de points d’appui logistiques pour la marine chinoise, lui permettant d’étendre sa présence dans l’océan Indien. Lors de sa rencontre avec Anura Kumara Dissanayake, Narendra Modi devrait aborder ces préoccupations sécuritaires et chercher des assurances quant à la neutralité du Sri Lanka dans la compétition stratégique sino-indienne.

Un nouveau chapitre dans les relations bilatérales ?

L’élection d’Anura Kumara Dissanayake à la présidence du Sri Lanka ouvre potentiellement un nouveau chapitre dans les relations entre Colombo et New Delhi. Premier président de gauche de l’histoire du pays, il a fait campagne sur des promesses de réduction des taxes sur les produits de première nécessité et d’éradication de la corruption.

Sa visite en Inde sera scrutée avec attention pour déceler d’éventuels changements dans la politique étrangère sri lankaise et la place accordée à l’Inde dans celle-ci. Si Anura Kumara Dissanayake devrait ensuite se rendre en Chine pour rencontrer les dirigeants chinois, comme l’a annoncé son gouvernement, la priorité donnée à l’Inde pour sa première sortie officielle est un signal encourageant pour New Delhi.

Cette visite témoigne de la volonté des deux pays de renforcer leurs liens et leur coopération dans un contexte régional complexe et mouvant. Les discussions entre Anura Kumara Dissanayake et Narendra Modi permettront de définir les contours de cette relation bilatérale pour les années à venir et de trouver un équilibre entre les intérêts parfois divergents de l’Inde et du Sri Lanka.

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