Le secteur de la tech est en ébullition au Royaume-Uni. Le gouvernement britannique vient de nommer Doug Gurr, un ancien haut dirigeant d’Amazon, à la présidence par intérim de la Competition and Markets Authority (CMA), le puissant régulateur de la concurrence. Une annonce qui intervient dans un contexte international tendu, alors que le président américain Donald Trump a promis de défendre bec et ongles ses géants technologiques face à des autorités européennes jugées trop rigides.
Un Choix Stratégique pour le Royaume-Uni
Doug Gurr n’est pas un inconnu dans le milieu de la tech. Cet ancien de chez Amazon a occupé des postes clés au sein du géant de l’e-commerce, d’abord comme président d’Amazon Chine entre 2014 et 2016, puis comme directeur général d’Amazon UK jusqu’en 2020. Selon le communiqué du gouvernement britannique, sa nomination à la tête de la CMA permettra d’apporter « une riche expérience du secteur de la technologie » au sein du régulateur.
Mais au-delà de son expertise, ce choix apparaît surtout stratégique dans le contexte international actuel. L’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche laisse en effet présager un changement de ton dans les relations entre les États-Unis et l’Europe sur les questions de régulation du numérique. Le président américain a déjà promis une dérégulation favorable aux intérêts de ses champions technologiques, mettant en garde contre des autorités européennes jugées trop intrusives.
Des tensions croissantes entre la CMA et les géants de la tech
La nomination de Doug Gurr intervient dans un contexte déjà tendu entre le régulateur britannique et les mastodontes américains du numérique. Ces dernières années, la CMA n’a pas hésité à ouvrir de nombreuses enquêtes à l’encontre des GAFAM, que ce soit sur des questions de concurrence déloyale, de respect de la vie privée ou de désinformation.
Certains dossiers ont fait grand bruit, comme le veto initial de la CMA au rachat d’Activision Blizzard par Microsoft, finalement levé sous conditions. Une décision qui avait fait bondir le président de Microsoft, Brad Smith, qualifiant ce jour de « plus sombre des quatre décennies (de Microsoft) en Grande-Bretagne ».
Doug Gurr lui-même a déjà eu maille à partir avec le régulateur britannique lorsqu’il était aux manettes d’Amazon UK. En 2019, le géant de l’e-commerce avait en effet pris une participation minoritaire controversée au capital de Deliveroo, le leader de la livraison de repas à domicile. Une opération dans le collimateur de la CMA.
Une nomination scrutée de près par le secteur
L’arrivée de cet ancien d’Amazon à la tête du régulateur britannique est donc scrutée de près par tout l’écosystème technologique. Beaucoup s’interrogent sur la ligne que va adopter Doug Gurr, alors que la CMA vient d’annoncer l’ouverture d’une nouvelle enquête sur Google et son moteur de recherche ultra dominant.
Il va falloir jongler entre les pressions de l’administration américaine qui pousse à la dérégulation et la volonté de la CMA de poser des limites aux géants de la tech. Doug Gurr va devoir faire preuve de finesse politique pour trouver le bon équilibre.
– Un expert du secteur proche du dossier
Le choix du gouvernement britannique d’installer un homme du sérail à ce poste stratégique est en tout cas loin d’être anodin. Il envoie un signal clair à l’administration Biden, dans un contexte de tensions commerciales croissantes entre les deux rives de l’Atlantique. Reste à savoir si Doug Gurr saura utiliser son expérience et son réseau pour apaiser le jeu ou au contraire pour défendre les intérêts des géants de la tech dont il est issu. Les prochains mois s’annoncent décisifs et son action sera scrutée de près par tout le secteur.
