Le secteur de l’immobilier français est secoué par une affaire impliquant l’un de ses géants, Sofidy. Ce gestionnaire d’actifs spécialisé, qui revendique plus de 5000 actifs sous gestion pour une valeur de 8,6 milliards d’euros, vient d’accepter de payer une amende de 300 000 euros pour mettre fin à des poursuites engagées par l’Autorité des Marchés Financiers (AMF). Au cœur des griefs : des irrégularités dans la valorisation de ses biens immobiliers.
L’AMF épingle Sofidy sur ses pratiques de valorisation
Suite à un contrôle mené sur la période 2018-2022, le gendarme boursier a relevé de nombreux manquements dans les procédures d’évaluation des actifs immobiliers de Sofidy. Parmi les principaux griefs figurent des « incohérences, lacunes et défaillances » ainsi que « l’absence de garantie d’indépendance du comité de valorisation ». Des éléments qui remettent en cause la fiabilité et la transparence de la valorisation du patrimoine géré par la société.
Une communication « peu claire, inexacte ou trompeuse »
L’AMF pointe également du doigt la qualité de l’information délivrée par Sofidy à ses investisseurs. Le régulateur lui reproche une communication « peu claire, inexacte ou trompeuse », citant en exemple l’absence d’indication des « facteurs de risques associés aux performances dans les rapports annuels ». Une omission de taille qui a pu fausser l’appréciation des épargnants sur la réalité des rendements et des risques.
Sofidy négocie un accord pour éviter un procès
Pour éviter un passage devant la Commission des sanctions, qui aurait pu déboucher sur des sanctions plus lourdes, Sofidy a choisi la voie de la négociation. Le gérant d’actifs immobiliers s’est engagé à payer une amende de 300 000 euros au Trésor Public, ainsi qu’à mettre en œuvre des mesures de remédiation. Un accord qui a été validé par le collège de l’AMF.
Sofidy assure qu’une partie des griefs sur ses procédures « étaient déjà corrigés avant l’ouverture de la mission de contrôle », fin 2022, et que la documentation incomplète « ne concerne pas le très grand nombre de documents commerciaux et publications sur les réseaux sociaux ».
Communiqué de Sofidy
Des pratiques qui interrogent sur la transparence du secteur
Si Sofidy s’en sort sans trop de dommages dans cette affaire, celle-ci vient néanmoins jeter une lumière crue sur les zones d’ombre qui peuvent persister dans le secteur de la gestion d’actifs immobiliers. Les méthodes de valorisation des biens, bien que très encadrées, laissent encore visiblement une certaine marge d’appréciation aux gérants, avec les risques que cela comporte en termes de fiabilité et de transparence pour les investisseurs.
Cette affaire montre aussi que les régulateurs financiers, à l’image de l’AMF, jouent un rôle crucial de supervision pour s’assurer que les acteurs respectent les règles et agissent dans l’intérêt de leurs clients. Un contrôle d’autant plus nécessaire que l’immobilier, classe d’actifs plébiscitée par les Français, gère des montants considérables d’épargne. De quoi encourager à la plus grande vigilance et transparence de la part des professionnels du secteur.