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Le fondateur du PKK déterminé à participer au processus de paix turc

Le chef emprisonné du PKK se dit prêt à participer au processus de paix en Turquie. Une annonce surprise qui pourrait changer la donne dans le conflit kurde de plusieurs décennies...

C’est une déclaration qui pourrait bien changer la donne dans le conflit kurde en Turquie. Selon des informations rapportées dimanche par le parti pro-kurde DEM, Abdullah Öcalan, le fondateur emprisonné du PKK, s’est dit « déterminé » à participer au processus de paix lancé dans le pays. Une prise de position forte de la part de celui qui est incarcéré depuis 1999 sur l’île d’Imrali.

Une « responsabilité historique » pour Öcalan

Lors d’une visite en prison samedi, la première en dix ans pour une délégation du DEM, le leader kurde a affirmé que le rapprochement entre Turcs et Kurdes était non seulement une « responsabilité historique » mais aussi une « urgence pour tous les peuples ». Des propos rapportés dans un communiqué du parti pro-kurde.

Cette rencontre fait suite à une main tendue surprise du chef du parti nationaliste turc MHP en mars dernier. Devlet Bahçeli avait alors invité Öcalan, 75 ans, à renoncer au terrorisme et à dissoudre le PKK devant le parlement turc. Une position soutenue par le président Recep Tayyip Erdoğan.

Öcalan « prêt à prendre les mesures nécessaires »

Face à cette ouverture, Abdullah Öcalan semble avoir saisi la balle au bond. « J’ai la compétence et la détermination nécessaires pour apporter une contribution positive au nouveau paradigme lancé par M. Bahçeli et M. Erdoğan », a-t-il déclaré selon le communiqué du DEM. Il a ajouté être « prêt à prendre les mesures nécessaires » et à « lancer cet appel » une fois que son approche aura été partagée avec l’État et les cercles politiques par la délégation venue le rencontrer.

Le PKK, une organisation controversée

Le PKK, fondé par Öcalan à la fin des années 1970, mène une lutte armée contre le pouvoir central turc depuis 1984 avec pour objectif initial d’obtenir l’indépendance du Kurdistan. Le conflit a fait plus de 40 000 morts, principalement dans le sud-est de la Turquie à majorité kurde. L’organisation est considérée comme terroriste par la Turquie et ses alliés occidentaux.

Emprisonné depuis sa capture au Kenya en 1999, Abdullah Öcalan purge une peine de prison à vie. Malgré son isolement, il reste une figure très influente pour de nombreux Kurdes. Ses prises de position sont donc scrutées de près, en Turquie comme à l’international.

Un long chemin vers la paix

Si la volonté affichée d’Öcalan de participer au processus de paix constitue indéniablement un pas en avant, le chemin vers une résolution durable du conflit kurde reste encore long et semé d’embûches. Les contentieux et la méfiance accumulés des deux côtés en près de 40 ans ne s’effaceront pas du jour au lendemain.

Le gouvernement turc devra faire preuve d’une réelle volonté d’ouverture et de concessions s’il veut convaincre la partie kurde de sa sincérité. De son côté, le PKK aura fort à faire pour transformer une organisation clandestine et militaire en un mouvement politique œuvrant pacifiquement pour les droits des Kurdes au sein de la république turque.

La communauté internationale, et notamment l’Union européenne dont la Turquie souhaite devenir membre, suivra de près les prochaines étapes de ce processus. Un apaisement durable de la question kurde renforcerait incontestablement la stabilité et le développement, non seulement de la Turquie, mais de toute la région.

Une opportunité historique à saisir

Malgré les obstacles et les incertitudes, l’apparente volonté des différentes parties de renouer le dialogue offre une opportunité à ne pas manquer. Comme l’a souligné Abdullah Öcalan, renforcer la fraternité entre Turcs et Kurdes est une responsabilité historique et une urgence.

Après des décennies de violences et de souffrances, il est temps pour tous les acteurs de faire preuve de sagesse, de courage et d’empathie. Seule une approche inclusive, privilégiant le dialogue et les compromis, permettra de construire une paix durable et une société où chacun, Turc comme Kurde, pourra vivre dans la dignité et le respect de ses droits. L’avenir de la Turquie, et la stabilité de toute la région, en dépendent.

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