Imaginez un monde où même les pets de vaches sont taxés. C’est ce que le Danemark s’apprête à mettre en place dès 2030 ! Le petit pays scandinave vient en effet de conclure un accord historique pour imposer les émissions de méthane provenant du bétail. Une première mondiale qui pourrait faire des émules, à l’heure où l’urgence climatique n’a jamais été aussi pressante.
Le méthane, ce gaz à effet de serre méconnu produit par les ruminants
On le sait peu, mais l’élevage est responsable de 11% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. En cause, le méthane rejeté par les ruminants comme les vaches, les moutons ou les chèvres, que ce soit par leur système digestif ou via les engrais azotés utilisés pour leur alimentation.
Ce gaz a un pouvoir de réchauffement 25 fois supérieur au CO2 sur une période de 100 ans. Réduire ces émissions est donc un levier important pour limiter le dérèglement climatique. C’est tout l’enjeu de la taxe innovante mise en place par le Danemark.
Les détails de la taxe danoise sur le méthane
Concrètement, les éleveurs devront s’acquitter d’une taxe de 40,22 euros par tonne de CO2 émise par leur cheptel à partir de 2030. Cela représente un coût de 16 euros par animal, après déduction fiscale. Un surcoût qui sera en partie répercuté sur le consommateur, avec une augmentation du prix du bœuf haché de 27 centimes par kilo environ.
Pour aider les agriculteurs dans cette transition, le gouvernement prévoit des subventions et un accompagnement technique. L’objectif est d’encourager des pratiques d’élevage plus durables, comme l’optimisation de l’alimentation, la gestion des effluents ou encore la production de biogaz à partir du fumier.
“Nous serons le premier pays au monde à introduire une véritable taxe sur le CO2 dans l’agriculture. D’autres pays s’en inspireront”
Jeppe Bruus, ministre danois de la Fiscalité
Un accord trouvé après de longues négociations
Pour parvenir à cet accord, il aura fallu des mois de négociations ardues entre le gouvernement, les syndicats agricoles et les associations environnementales. Un équilibre délicat à trouver entre impératif écologique, maintien des exploitations et acceptabilité pour le consommateur.
Malgré les réticences initiales, la profession agricole a fini par accepter cette taxe, y voyant aussi une opportunité de faire évoluer ses pratiques et de valoriser ses efforts. Les ONG saluent de leur côté une avancée historique, même si certaines auraient souhaité aller plus loin.
Quel avenir pour l’élevage et la consommation de viande ?
Au-delà de son impact en termes d’émissions, cette taxe soulève la question de l’évolution de nos modes de production et de consommation de produits animaux. Avec la prise de conscience écologique et les changements d’habitudes alimentaires, la demande en viande tend à diminuer dans les pays développés.
Pour autant, difficile d’imaginer une disparition totale de l’élevage, qui reste important d’un point de vue économique, social et culturel dans de nombreuses régions. L’enjeu est donc de trouver un nouveau modèle, plus durable et éthique, passant par une réduction du cheptel, une meilleure valorisation de la qualité et du bien-être animal.
Le pari du Danemark est en tout cas osé et son expérience sera scrutée par de nombreux pays. La France pourrait-elle suivre le mouvement ? Une chose est sûre, la transition écologique de l’agriculture sera un des grands chantiers des prochaines années.