Un véritable cauchemar s’est abattu sur la côte est de l’Inde ce vendredi. Le redoutable cyclone Dana, après avoir tourbillonné au-dessus de l’océan pendant plusieurs jours tel une menace fantôme, a fini par toucher terre peu après minuit, déclenchant son ballet macabre de destruction.
Telle une main géante et malveillante, Dana a déraciné sans pitié de nombreux arbres sur son passage, les projetant au sol comme de vulgaires brindilles. Les lignes électriques n’ont pas été épargnées par sa fureur, plongeant de nombreuses zones dans l’obscurité la plus totale. Un spectacle désolant et angoissant.
Face à la montée des eaux pouvant atteindre par endroits plus d’un mètre, les autorités avaient pris les devants en organisant l’évacuation préventive de plus de 1,1 million d’habitants des États d’Odisha et du Bengale-Occidental vers des abris anti-tempête. Une sage décision qui a sans doute permis d’éviter un bilan humain dramatique.
Une ville côtière dévastée
Mais malgré ces précautions, Dana n’a pas manqué de laisser une « traînée de destruction » derrière lui, comme l’a tristement constaté Siddarth Swain, responsable du district de Puri, ville côtière particulièrement touchée. Dans ses rues dévastées, un spectacle de désolation règne.
Les boutiques de fortune qui bordaient la vaste plage ont été réduites à néant, emportées comme des châteaux de sable par les bourrasques impitoyables du cyclone. Un triste rappel de la fragilité des constructions humaines face à la force brute de la nature déchaînée.
Le joyau vert de l’Inde saccagé
Mais la furie de Dana ne s’est pas arrêtée aux villes. Même les Sundarbans, la plus vaste forêt de mangroves au monde et véritable joyau naturel de l’Inde, ont été frappés de plein fouet. Balayée par un « coup de vent » d’une rare violence selon le ministre Bankim Chandra Hazra, cette merveille verte a vu des centaines de ses arbres déracinés en un clin d’œil. Une tragédie écologique.
Dans les zones côtières alentours, c’est un paysage de dévastation qui s’offre aux yeux des habitants. Des centaines de maisons ont été éventrées, leurs toits arrachés comme de vulgaires couvercles par les rafales furieuses. Des familles entières se retrouvent ainsi sans abri, livrées aux caprices des éléments.
Calcutta paralysée
Même Calcutta, troisième ville du pays et destination touristique prisée, n’a pas été épargnée. Ses aéroports sont fermés depuis jeudi soir, clouant au sol des milliers de voyageurs. La « ville de la joie » croule sous des pluies torrentielles qui transforment ses artères en rivières impétueuses. La vie semble suspendue, figée par la peur.
Car c’est bien la peur qui règne en maître en ces heures sombres. La peur de voir le bilan s’alourdir, la peur des lendemains incertains pour ceux qui ont tout perdu. Les autorités appellent à la plus grande prudence et mettent en garde contre des « phénomènes météorologiques violents » dans les heures à venir.
Le changement climatique en question
Si les cyclones sont monnaie courante dans le nord de l’océan Indien, beaucoup s’interrogent sur l’intensité croissante de ces phénomènes. Pour de nombreux experts, le changement climatique est le grand responsable de cette évolution inquiétante. Les températures de surface des océans augmentent, offrant aux cyclones le carburant nécessaire pour gagner en puissance.
En mai dernier déjà, le cyclone Remal avait coûté la vie à au moins 48 personnes en Inde. Un bilan tragique mais qui aurait pu être bien pire sans les progrès réalisés en matière de prévisions météorologiques et d’évacuations préventives. Des efforts vitaux mais qui ne suffisent plus face à la colère grandissante de mère Nature.
Aujourd’hui, alors que les vents rugissent et que la pluie s’abat sans répit, une question brûle les lèvres : jusqu’où nous mènera cette spirale infernale ? Combien de Dana, de Remal devrons-nous encore affronter avant de réaliser l’urgence d’agir face au dérèglement climatique ? Le temps presse. Car pour l’heure, c’est l’Inde qui vacille, meurtrie mais pas vaincue, sous les assauts implacables de Dana le dévastateur.