En ce samedi matin, les habitants de Mayotte se sont réveillés avec la peur au ventre. Le puissant cyclone tropical Chido a commencé à s’abattre sur l’archipel français de l’océan Indien, placé en alerte violette, le plus haut niveau d’alerte. Selon les dernières informations de Météo-France, l’œil du cyclone se situait à seulement 30 km au nord-est de Petite-Terre, l’île orientale de Mayotte, avec des rafales dépassant déjà les 180 km/h. Et le pire serait encore à venir.
Des vents d’une rare intensité
D’après les prévisionnistes, les vents pourraient encore se renforcer au cours de la journée, atteignant des vitesses comprises entre 200 et 230 km/h. Une intensité dévastatrice, qui pourrait égaler voire dépasser celle du tristement célèbre cyclone Kamisy de 1984, et se rapprocher des cyclones les plus violents ayant frappé Mayotte, comme celui de 1934. Face à une telle puissance des éléments, les dégâts s’annoncent considérables.
Premiers dommages
Déjà, les témoignages affluent depuis l’archipel. Barricadé chez lui à Kangani, dans le nord de Grande-Terre, Ibrahim Mcolo a décrit un spectacle de désolation depuis sa fenêtre : poteaux électriques à terre, toitures en tôle arrachées, arbres déracinés. « Je vois toutes les tôles des voisins s’envoler. On voit des câbles arrachés, le bananier du voisin à terre. Il n’y a plus d’électricité. Même dans notre maison qui est bien protégée, l’eau rentre. Je la sens trembler », a-t-il confié, inquiet.
On ne peut pas sortir mais ce qu’il y a en face de nous, c’est impressionnant. C’est sûr qu’il va y avoir des dégâts matériels. Prions pour qu’il n’y ait pas de victimes.
Youssouf Ambdi, maire de Ouangani
Confinement obligatoire
Afin de limiter les risques, les autorités ont déclenché l’alerte cyclonique violette dès 5h du matin, imposant un confinement strict de l’ensemble de la population. Selon la préfecture, cela implique que tous les habitants, y compris les services de secours et les agents mobilisés pour gérer la crise, doivent impérativement rester chez eux. Une mesure indispensable au vu des conditions météorologiques extrêmes.
Car outre les vents, la préfecture met en garde contre « des pluies très intenses et des submersions marines possibles ». Des précipitations diluviennes qui font craindre des inondations et des glissements de terrain. Quant à la houle, elle pourrait avoir des effets dévastateurs sur le littoral. Face à ces menaces, le préfet François-Xavier Bieuville a ordonné l’interdiction de toute circulation sur les voies publiques des deux îles principales, ainsi que la fermeture de l’aéroport de Dzaoudzi.
Mayotte, un département vulnérable
Pour Mayotte, département le plus pauvre de France, ce cyclone pourrait avoir des conséquences dramatiques. D’après les estimations, près d’un tiers de la population, soit environ 100 000 personnes, vit dans des habitations précaires, construites avec des matériaux de fortune. Des logements extrêmement vulnérables face aux assauts des vents et de la pluie.
Conscientes de cette situation, les autorités ont ouvert 71 centres d’hébergement d’urgence, principalement dans des écoles et des gymnases, pour accueillir les habitants des zones les plus exposées. Une évacuation préventive indispensable, comme l’a souligné le maire de Chiconi, Madi Ousseni Mohamadi : « La priorité, c’est de mettre les gens en sécurité ». Des agents municipaux ont même été déployés pour dégager les abords des routes des débris qui pourraient s’envoler et causer des dégâts supplémentaires.
Mobilisation des secours
Malgré le confinement, les secours restent en alerte pour intervenir en cas d’urgence. L’Agence Régionale de Santé a renforcé les moyens médicaux pour prendre en charge d’éventuels blessés, tout en appelant les patients à ne se déplacer qu’en cas d’absolue nécessité. La Réunion a également dépêché en renfort 110 professionnels de la sécurité civile pour épauler leurs collègues mahorais.
Alors que Mayotte retient son souffle, un œil inquiet se tourne également vers les Comores voisines, elles aussi placées en alerte cyclonique. Tout comme vers le nord de Madagascar, approché par le cyclone. Mais pour l’heure, toutes les pensées vont vers les Mahorais, qui affrontent avec courage et solidarité cette terrible épreuve. En espérant que Chido épargnera les vies, même s’il laissera inévitablement de profondes cicatrices dans son sillage. Les prochaines heures seront décisives.