Le passage dévastateur du cyclone Chido a laissé un paysage de désolation sur l’île de Mayotte. Alors que les habitants tentent de se remettre de cette catastrophe naturelle, les experts tirent la sonnette d’alarme sur les conséquences environnementales désastreuses de cet événement climatique extrême. La forêt mahoraise, joyau de biodiversité, a été ravagée, mettant en péril tout un écosystème.
Une forêt luxuriante anéantie
Avant le passage de Chido, la forêt de Mayotte était un véritable paradis vert, abritant une faune et une flore d’une richesse exceptionnelle. Mais aujourd’hui, le spectacle est tout autre : arbres déracinés à perte de vue, troncs explosés comme frappés par des obus, feuillages remplacés par un marron uniforme… Les vents violents de plus de 200 km/h ont tout emporté sur leur passage.
C’est un désastre environnemental. Il n’y a plus d’arbres. Ceux qui sont encore sur pied ont perdu leur cime. Le cyclone a rasé la végétation.
– Raïma Fadul, biologiste
Des espèces emblématiques comme les kapokiers, les teks ou les bois noirs ont été fauchées par Chido. Même les plus grands arbres centenaires n’ont pas résisté à sa fureur. La mangrove, écosystème crucial, est partiellement détruite. En l’espace de quelques heures, c’est toute la physionomie de l’île qui a été bouleversée.
Des conséquences en cascade pour la biodiversité
Au-delà de l’aspect visuel saisissant, la perte de ce couvert forestier aura des répercussions dramatiques sur la biodiversité mahoraise. De nombreuses espèces animales se retrouvent privées de leur habitat naturel et exposées aux prédateurs et braconniers. Les makis et chauves-souris, essentiels à la pollinisation et donc à la régénération des forêts, sont particulièrement menacés.
L’avenir s’annonce également sombre pour les tortues, déjà victimes d’un braconnage intensif avant Chido. Avec la pénurie alimentaire post-cyclone, les experts de Sea Shepherd redoutent une recrudescence d’un « braconnage de subsistance » difficile à endiguer. Un coup dur supplémentaire pour ces reptiles marins emblématiques.
Le spectre d’un dérèglement durable des écosystèmes
Mais les dégâts de Chido vont bien au-delà de la faune et la flore. Toute la dynamique des écosystèmes mahorais pourrait être durablement perturbée. Avec la disparition des arbres qui captaient les précipitations, le régime des pluies sera affecté, accentuant les risques de sécheresse.
Pire encore, les fortes pluies à venir, non freinées par la végétation, vont déverser des torrents de boues dans le lagon, étouffant les coraux. Des pans entiers de ce joyau sous-marin, abritant des centaines d’espèces, sont menacés d’anéantissement. Un terrible coup dur pour la résilience de la nature mahoraise.
Reconstruction et dangers de la déforestation
Heureusement, tout espoir n’est pas perdu pour les forêts de Mayotte. Sous ce climat tropical, la végétation repousse relativement rapidement. D’ici une dizaine d’années, un nouveau couvert forestier pourrait émerger. Mais à condition que l’Homme ne profite pas de la situation pour accélérer la déforestation, déjà galopante avant Chido.
Entre 2011 et 2016, 6,7% du couvert boisé de Mayotte avait été défriché, un niveau similaire à ceux de l’Argentine ou de l’Indonésie.
– Union internationale pour la conservation de la nature
La tentation sera grande pour certains de transformer les zones dévastées en terres agricoles, accentuant la pression sur les espaces naturels. Les autorités devront redoubler de vigilance pour éviter un tel scénario catastrophe et œuvrer activement au reboisement. L’avenir de la biodiversité unique de Mayotte en dépend.
Le cyclone Chido laissera une cicatrice indélébile dans les paysages et écosystèmes de Mayotte. Il faudra des années, voire des décennies, pour que l’île panse ses plaies et retrouve sa luxuriance d’antan. Une reconstruction patiente et laborieuse, qui devra plus que jamais s’appuyer sur le respect et la protection de l’environnement exceptionnel du 101ème département français.