Les sourires et les rires des enfants résonnent dans le salon. Au milieu des jouets colorés et des albums d’éveil, Nathalie, assistante maternelle depuis 15 ans, cajole le petit dernier arrivé il y a quelques semaines. Comme elle, 248 000 professionnels, principalement des femmes, accueillent chaque jour plus de la moitié des bébés et bambins français. Un métier de l’ombre, essentiel mais exigeant, qui vacille aujourd’hui entre un blues lancinant et des airs de renouveau.
Une vocation mise à rude épreuve
« J’adore mon métier, j’aime le contact avec les enfants, les voir grandir et s’épanouir », confie Nathalie en berçant tendrement le nourrisson dans ses bras. Un engagement que partagent la plupart des assistantes maternelles, ces « ass mat » comme on les appelle affectueusement. Mais derrière les sourires se cachent souvent des grimaces de fatigue et de découragement.
Les gens pensent que c’est facile de s’occuper de bébés. Ils ne voient pas tout le travail qu’il y a derrière, l’attention constante, les responsabilités, le stress parfois
Salaires peu valorisants, horaires à rallonge, manque de reconnaissance… La liste des doléances est longue. « On n’a pas de bureau pour décrocher le soir. Notre maison est envahie par le matériel et les jouets », raconte Nathalie en désignant l’espace dédié aux petits dans son appartement.
Un métier en pleine mutation
Longtemps considéré comme une activité d’appoint, le métier d’assistante maternelle s’est progressivement professionnalisé avec l’instauration d’un agrément, d’une formation obligatoire de 120 heures et de contrôles réguliers. « Il faut avoir de vraies compétences en puériculture, en pédagogie, en psychologie de l’enfant », souligne Nathalie.
Un tournant salutaire mais encore insuffisant face aux enjeux actuels. Vieillissement des professionnels, contraintes accrues, concurrence des crèches… Les vocations se font plus rares et le nombre d’assistantes maternelles ne cesse de diminuer depuis quelques années, menaçant l’accueil des jeunes enfants.
Des pistes pour retrouver le sourire
Pour redonner des couleurs au métier, des pistes se dessinent. Meilleure rémunération, assouplissement des conditions d’agrément, soutien renforcé par les relais d’assistantes maternelles… Des mesures attendues pour assurer la garde des bébés de demain.
« Il faut vraiment revaloriser notre statut. On nous confie ce qu’il y a de plus précieux pour un parent », martèle Nathalie. Dans l’immédiat, elle peut compter sur les sourires de ses petits protégés, comme une bouffée d’oxygène au milieu des doutes et des difficultés.