Chaque 15 août, les chrétiens du monde entier célèbrent l’Assomption de Marie, une fête religieuse majeure qui commémore l’élévation au ciel de la mère de Jésus, corps et âme. Pourtant, chose étonnante, cet événement crucial n’est relaté nulle part dans la Bible. Comment expliquer ce mystère ? Plongeons ensemble dans les origines fascinantes de cette tradition séculaire.
Aux sources d’une tradition ancestrale
Si l’Assomption ne figure pas explicitement dans les Saintes Écritures, elle puise néanmoins ses racines dans une tradition orale ancienne, transmise de génération en génération au sein de l’Église primitive. Dès les premiers siècles, les Pères de l’Église ont en effet considéré que le corps de Marie, ayant porté le Christ, ne pouvait connaître la corruption du tombeau.
Comme le souligne frère Philippe Lefebvre, dominicain et membre de l’École biblique de Jérusalem :
Même si les Pères de l’Église ont considéré très tôt le corps de la Vierge Marie comme ne pouvant connaître une mort humaine, aucun texte biblique n’évoque explicitement sa fin.
– Frère Philippe Lefebvre
Cette croyance s’est peu à peu enracinée dans la foi populaire, jusqu’à devenir une fête liturgique à part entière au fil des siècles.
L’Assomption, un dogme récent
Bien qu’célébrée depuis longtemps, l’Assomption n’a été reconnue comme vérité de foi par l’Église catholique qu’en 1950. C’est le pape Pie XII qui, répondant à la demande de millions de fidèles, a proclamé ce nouveau dogme. Celui-ci affirme que Marie, “ayant achevé le cours de sa vie terrestre, fut élevée en âme et en corps à la gloire céleste”.
Cette proclamation solennelle est venue couronner des siècles de piété mariale et de réflexion théologique sur le destin unique de la mère du Christ.
Un lien étroit avec l’histoire de France
En France, l’Assomption revêt une dimension particulière. Dès 1638, le roi Louis XIII demande à ses sujets d’effectuer chaque 15 août une procession afin qu’un héritier lui soit donné. Cette date, qui célébrait déjà l’Assomption, vient ainsi remplacer une fête païenne honorant les victoires de l’empereur Auguste.
Depuis lors, l’Assomption est étroitement liée à l’histoire et à l’identité françaises, comme en témoigne sa place de choix dans le calendrier des jours fériés.
Une fête riche de sens
Au-delà de son ancrage historique, l’Assomption est porteuse d’un message spirituel profond. Elle nous invite à contempler le mystère de la vie éternelle et de la résurrection promise par le Christ. En Marie, c’est toute l’humanité qui est appelée à partager la gloire divine.
Comme le rappelle frère Philippe Lefebvre, le terme même d'”assomption”, du latin assumere, signifie “prendre avec soi”. C’est toute la personne de Marie, corps et âme, qui est accueillie au ciel par son Fils ressuscité.
Ainsi, même si elle ne figure pas dans la Bible, l’Assomption n’en demeure pas moins une fête essentielle pour les chrétiens. Elle célèbre la foi en la vie éternelle et en la bonté infinie de Dieu, qui veut associer chacun à sa propre béatitude.
En conclusion
L’absence de l’Assomption dans les textes bibliques n’enlève rien à sa richesse théologique et spirituelle. Enracinée dans la Tradition vivante de l’Église, cette fête nous rappelle la destinée sublime à laquelle chaque être humain est appelé : partager la vie même de Dieu.
Alors, en ce 15 août, prenons le temps de méditer ce grand mystère de notre foi. Laissons-nous porter par l’espérance qu’il suscite en nos cœurs. Et, à l’exemple de Marie, disons “oui” à l’amour infini de Dieu qui désire nous combler de sa grâce.
