Les élections législatives de 2024 ont rebattu les cartes à l’Assemblée nationale, propulsant le Rassemblement national en tête avec 126 députés. Pourtant, à en croire Marine Le Pen, ce raz-de-marée dans les urnes ne s’est pas traduit dans la répartition des postes clés au Palais Bourbon. Pire, la cheffe de file des députés RN estime que l’Assemblée est devenue « une zone de non-droit ».
Le RN écarté malgré sa victoire aux législatives
Avec 126 sièges, le groupe RN est le plus important à l’Assemblée. Mais contrairement à 2022 où il avait décroché deux vice-présidences, il a cette fois été tenu à l’écart par les autres partis. Une « mise au ban » que Marine Le Pen juge intolérable :
Les Français ont voté massivement pour nous, d’une manière très différente d’en 2022. Et on se retrouve avec le sentiment que nos électeurs sont quantité négligeable, qu’ils n’ont pas été entendus.
Marine Le Pen dans Le Parisien
Cette absence de représentation RN dans les instances de l’Assemblée inquiète même certains députés d’autres bords, comme Laurent Marcangeli (Horizons) pour qui cela « pose problème » qu’un parti représentant « un tiers de l’électorat » en soit exclu.
La polémique de la commission des Finances
Le cas le plus emblématique reste l’élection à la présidence de la commission des Finances. Depuis 2007, la majorité présidentielle s’abstient pour garantir ce poste à l’opposition. Mais cette fois, les macronistes ont voté pour Véronique Louwagie (LR), battue par Éric Coquerel (LFI). Un revirement que Marine Le Pen qualifie de rupture avec les usages :
La majorité du bloc central ne pouvait pas voter pour Louwagie car, en général, elle ne participe pas au vote de la commission des Finances. Cela démontre qu’il n’y a plus aucune règle à l’Assemblée nationale. Elle est devenue une zone de non-droit.
Marine Le Pen dans Le Parisien
Vers un Parlement ingouvernable ?
Au-delà du cas RN, ces passes d’armes à l’Assemblée font craindre des blocages à répétition, sur fond de rapport de forces inédit. Avec la poussée de la gauche et de l’extrême droite et l’affaiblissement de la majorité présidentielle, le clivage est tel qu’il semble difficile de trouver des compromis.
Surtout, la mise à l’écart assumée du premier parti de France apparaît difficilement tenable sur le long terme. Combien de temps les élus RN accepteront cette situation sans réagir ? Le risque est grand de voir le débat démocratique se déporter hors de l’hémicycle, dans un climat de défiance envers les institutions.
Des règles du jeu à réinventer ?
Pour Marine Le Pen, la solution passerait par une refonte des règles régissant l’Assemblée afin de les adapter au nouveau visage du Parlement :
Il faut revoir de fond en comble le règlement de l’Assemblée nationale pour que cette dernière soit à l’image des résultats des urnes et que chaque sensibilité politique soit équitablement représentée.
Marine Le Pen dans Le Parisien
Reste à savoir si les différents groupes sont prêts à ce grand chambardement. Car au-delà des postes, c’est tout le fonctionnement de l’Assemblée et la culture politique française qui seraient à repenser. Un vaste chantier qui semble bien loin des préoccupations immédiates et des guerres d’ego qui agitent l’hémicycle en ce début de mandat.
Une chose est sûre : la bronca de Marine Le Pen est un nouveau signal du malaise démocratique français, où un nombre croissant d’électeurs ne se sentent plus représentés par les institutions. Un défi majeur pour les députés, qui devront réinventer leur rôle pour renouer le lien abîmé avec les citoyens.