Après des mois de retard et de rebondissements en coulisses, le coup d’envoi du Comité d’Organisation des Jeux Olympiques d’hiver 2030 dans les Alpes françaises sera finalement donné ce mardi à Lyon. L’ancien champion olympique de ski de bosses Edgar Grospiron a été choisi pour présider cette instance clé qui pilotera pendant cinq ans cet ambitieux projet, suite au retrait surprise de Martin Fourcade.
Un lancement longtemps repoussé
Initialement prévu pour l’automne 2024, puis fin janvier, le lancement officiel du Comité d’Organisation (COJO) a finalement lieu mi-février, signe d’une gestation compliquée. Les multiples parties prenantes – État, mouvement olympique, régions – ont eu du mal à s’accorder, notamment sur le choix du président. Le psychodrame provoqué par le retrait de Martin Fourcade, qui a démissionné au nom de « ses convictions », a fragilisé l’organisation et mis en lumière des tensions internes. Même le CIO s’en est ému et a fait part de son « impatience ».
Edgar Grospiron, un président expérimenté
C’est finalement Edgar Grospiron, champion olympique de ski de bosses en 1992 à Albertville et ancien directeur général de la candidature d’Annecy aux JO de 2018, qui a été choisi pour présider le COJO. Une nomination qui se veut rassurante au vu de son expérience, mais le chantier s’annonce immense. Car si le projet n’a pas encore officiellement pris de retard, les sujets à traiter sont nombreux et parfois épineux.
Maîtriser le budget, un défi majeur
L’un des principaux enjeux sera de contenir le budget de l’événement dans une enveloppe de 2 milliards d’euros. Une gageure alors que les JO d’hiver sont « par essence plus déficitaires » que les JO d’été selon une source proche de l’organisation. Les recettes, notamment de billetterie, sont plus faibles. Une mission d’appui de l’Inspection générale des finances devrait être mise en place pour aider le COJO à tenir ses engagements budgétaires. Une loi olympique encadrant l’événement devra aussi être votée.
Répondre au défi environnemental
Autre enjeu majeur de ces JO 2030 : leur impact environnemental. Dans un contexte de réchauffement climatique qui fragilise les territoires de montagne, cet aspect sera particulièrement scruté. Des critiques commencent d’ailleurs déjà à émerger sur la prise en compte de cet enjeu par les organisateurs. Le COJO devra démontrer la soutenabilité du projet et faire face aux oppositions qui ne manqueront pas de s’exprimer.
Gérer l’éparpillement des sites
Autre défi et non des moindres : la gestion des nombreux sites de compétition, dispersés sur un vaste territoire allant de la Haute-Savoie à la Côte d’Azur. Au total, près de 500 km séparent le site le plus au nord (Le Grand-Bornand) du plus au sud (Nice), un éclatement géographique inédit pour des JO d’hiver. Cela posera des problèmes de logistique et de transports que le COJO devra résoudre. La question d’un éventuel ascenseur valléen pour accéder à la station de Courchevel n’est par exemple pas encore tranchée.
Trancher les derniers arbitrages
Au-delà de ces enjeux majeurs, de nombreux arbitrages devront encore être rendus dans les mois qui viennent. La carte définitive des sites n’est pas encore arrêtée, avec notamment un doute persistant sur l’intégration de Val d’Isère dans le projet. Le lieu de la cérémonie d’ouverture doit aussi être choisi, alors que la seule infrastructure pérenne qui devrait être construite pour ces JO est une patinoire à Nice. Des choix décisifs qu’il revient désormais au COJO de faire.
Rassembler les politiques
Enfin, le nouveau président du COJO devra réussir à rassembler et à travailler main dans la main avec tous les acteurs politiques impliqués dans le projet. Régions, départements, villes hôtes… Les parties prenantes sont nombreuses et ont souvent des intérêts divergents. Fédérer tout ce petit monde autour d’une ambition commune s’annonce comme l’un des principaux défis d’Edgar Grospiron.
Le lancement du COJO marque donc une étape importante mais c’est une tâche immense et semée d’embûches qui attend désormais ses équipes. Réussir le pari de ces troisièmes JO d’hiver en France après Chamonix en 1924 et Albertville en 1992 passera par leur capacité à apporter des réponses concrètes et rapides à tous ces enjeux. L’avenir dira si Edgar Grospiron et son équipe seront à la hauteur de ce challenge XXL.