Un moment d’histoire s’est écrit ce vendredi sur le court central de Roland-Garros. Sous les acclamations d’un public conquis et d’une foule en liesse, l’Algérienne Imane Khelif est devenue à 25 ans la première boxeuse africaine sacrée championne olympique. En s’imposant en finale de la catégorie des -66 kg face à la Chinoise Yang Liu, championne du monde en titre, elle offre à son pays sa toute première médaille d’or en boxe.
Une finale enflammée et un public acquis à sa cause
Si la jeune femme était attendue pour son talent incontestable sur le ring, personne n’aurait pu prédire un tel engouement autour de son parcours. Pourtant dès son entrée dans l’enceinte du stade, Imane Khelif a pu mesurer l’ampleur du soutien dont elle bénéficiait.
Dans les tribunes, une marée de drapeaux algériens s’agitait frénétiquement tandis que son nom était scandé par des milliers de supporters. Une ambiance survoltée et étourdissante qui n’a eu de cesse de s’amplifier tout au long des trois rounds.
Un combat intense et sans round d’observation
Imane Khelif n’a pas laissé le temps à son adversaire d’installer son jeu. Dès le gong initial, l’Algérienne a imposé un rythme effréné, enchainant les coups et les séquences offensives. Bien que Yang Liu, pourtant invaincue depuis 2 ans, ait tenté de répliquer, la fougue et la vitesse de Khelif ont pris le dessus.
Je savais que je devais prendre l’ascendant rapidement, mettre la pression dès le début. Je ne voulais lui laisser aucun espace.
Imane Khelif
Cette stratégie s’est avérée payante puisque les juges ont attribué les trois rounds à l’Algérienne, à l’unanimité. Une victoire nette et sans contestation possible qui fait d’elle la nouvelle reine olympique des -66 kg.
Une victoire au goût de revanche
Ce sacre olympique a une saveur particulière pour Imane Khelif. Depuis plusieurs jours, son nom était au centre d’une vive polémique relayée par certains milieux conservateurs, mettant en cause son éligibilité à concourir dans la catégorie féminine en raison de son physique jugé trop « masculin ».
Des attaques d’autant plus virulentes qu’elles survenaient dans un contexte de tensions entre le Comité International Olympique et la Fédération Internationale de Boxe autour de la question des athlètes transgenres et intersexués.
Imane est une femme, un point c’est tout. Son triomphe aujourd’hui est la plus belle des réponses qu’elle pouvait apporter à ceux qui ont tenté de la déstabiliser.
Mehdi Khelif, frère et entraîneur d’Imane
Une réponse claire sur le ring, mais aussi en dehors, puisque la boxeuse a reçu le soutien appuyé du public, des médias ainsi que de nombreuses personnalités du monde sportif et politique, saluant son courage et dénonçant les attaques transphobes dont elle a fait l’objet.
L’Algérie au sommet de l’Olympe
Au delà de l’immense fierté personnelle, c’est tout un pays qui exulte ce soir. Grâce à Imane Khelif, l’Algérie décroche son premier titre olympique en boxe, 24 ans après la médaille de bronze de Hocine Soltani à Sydney.
Un exploit d’autant plus retentissant qu’il intervient alors que la boxe algérienne traverse une période difficile, miné par les scandales et les contre-performances. Imane incarne ce renouveau tant attendu, cette générations montante, talentueuse et combative.
Cette médaille est pour mon pays, ma famille, tous ceux qui m’ont soutenue. Je veux inspirer les jeunes filles algériennes, leur montrer que tout est possible quand on y croit vraiment.
Imane Khelif
Cet après-midi sur la terre battue parisienne, la rage de vaincre d’Imane Khelif a transcendé les frontières du sport. Son triomphe, au-delà du ring, est celui du courage, de la détermination face à l’adversité. Et à en juger par l’émotion et la ferveur dans les travées de Roland-Garros, par cette Marseillaise entonnée à pleins poumons, ce titre olympique est assurément celui de tout un peuple.