Le ballet incessant des avions de chasse dans le ciel du Liban Sud et les épaisses fumées noires s’élevant au-dessus des faubourgs sud de Beyrouth témoignent de l’intensité des combats qui font à nouveau rage entre Israël et le Hezbollah. Après des années d’accalmie relative, le conflit vieux de plusieurs décennies est entré dans une phase critique.
Israël pris au piège du bourbier libanais
Lancée il y a plusieurs jours, l’offensive israélienne baptisée “Aube Naissante” vise officiellement à porter un coup fatal au Hezbollah, la redoutable milice chiite pro-iranienne qui contrôle de facto le sud du Liban. Malgré des frappes aériennes massives et des opérations spéciales audacieuses en territoire libanais, l’armée israélienne semble cependant loin d’avoir atteint ses objectifs.
Retranchés dans leurs bastions de la région de Baalbek et de la banlieue de Beyrouth, les combattants du Hezbollah résistent farouchement aux assauts de Tsahal, comme en témoignent les pertes importantes enregistrées côté israélien. Malgré l’élimination ciblée de plusieurs hauts gradés, la hiérarchie et les capacités opérationnelles du “Parti de Dieu” ne semblent pas réellement affectées.
Nous sommes là pour rester et combattre jusqu’au bout. Israël a commis une grave erreur en nous attaquant.
– Hassan Nasrallah, Secrétaire Général du Hezbollah
Face à cette résistance, les options militaires d’Israël apparaissent limitées. Une reconquête terrestre du Liban Sud, occupé par Tsahal de 1982 à 2000, imposerait à l’armée israélienne de s’exposer à une redoutable guerre asymétrique face aux aguerris combattants du Hezbollah.
1982, les origines du conflit
Pour bien comprendre la situation actuelle, il faut remonter à l’invasion israélienne du Liban en 1982. Censée éradiquer l’OLP palestinienne de Yasser Arafat, l’opération “Paix en Galilée” se transforme rapidement en enlisement. Profitant du chaos, l’Iran parvient à fédérer la communauté chiite libanaise au sein d’un mouvement politico-militaire qui deviendra le Hezbollah.
Malgré une occupation de près de 20 ans du Liban Sud, Israël ne parviendra jamais à juguler la menace. Son retrait unilatéral en 2000 apparaît comme un cuisant revers et permet au Hezbollah de se poser en vainqueur et protecteur de l’intégrité territoriale libanaise.
L’équation iranienne
En s’attaquant frontalement au Hezbollah, Israël prend aussi le risque d’une confrontation avec l’Iran, son parrain. Téhéran dispose de relais et de moyens de pression importants pour porter la lutte sur d’autres fronts, que ce soit en Syrie, en Irak ou via le Hamas à Gaza.
Le régime iranien a d’ailleurs vivement condamné l’offensive israélienne, la qualifiant “d’agression barbare contre le noble peuple libanais”. Il appelle la communauté internationale à se mobiliser pour faire cesser les attaques.
L’ennemi sioniste doit savoir que le Hezbollah n’est pas seul. Toute la Résistance est à ses côtés.
– Hossein Amir-Abdollahian, Ministre iranien des Affaires Étrangères
Vers une sortie de crise ?
A ce stade, difficile d’entrevoir une rapide issue au conflit. L’option d’une trêve négociée ne semble pas encore à l’ordre du jour, chaque camp voulant signifier sa détermination à l’adversaire.
Mais la stratégie du tout militaire a aussi ses limites, Israël ne pouvant se permettre un nouvel échec face au Hezbollah sans conséquences politiques internes majeures. La pression internationale ira aussi crescendo pour enrayer cette spirale guerrière aux conséquences régionales potentiellement dévastatrices.
Il est urgent que la sagesse l’emporte. Un cessez-le-feu doit être instauré pour éviter une escalade incontrôlable.
– Antonio Guterres, Secrétaire Général de l’ONU
Une chose est sûre: le Liban, son unité et sa stabilité risquent une nouvelle fois de faire les frais d’un conflit dont il n’a pas les clés. Affaibli par une crise économique et politique majeure, l’état libanais peine à peser et se retrouve pris en étau entre un Hezbollah tout puissant et un Israël déterminé à en découdre. Les prochains jours seront décisifs.
